«Nous sommes une nation d'immigrants»: Le président Barack Obama a entamé vendredi à Las Vegas une série de déplacements à travers les États-Unis pour défendre ses annonces de régularisations de sans-papiers contre lesquelles ses adversaires républicains ne décolèrent pas.

«Trop souvent, notre système d'immigration semble fondamentalement injuste. Nous le savons depuis des années. Aujourd'hui, nous faisons enfin quelque chose pour que cela change», a-t-il lancé dans un discours évoquant par instant ceux de ses campagnes électorales de 2008 et 2012.

«Irlandais, Italiens ou Allemand ayant traversé l'Atlantique, Japonais ou Chinois ayant traversé le Pacifique, après une traversée du Rio Grande ou un vol en provenance de n'importe où dans le monde, des générations d'immigrants ont fait de ce pays ce qu'il est», a-t-il ajouté.

«La Statue de la Liberté ne tourne pas le dos au monde», a-t-il martelé, défendant les mesures annoncées jeudi soir à la Maison-Blanche, parmi lesquelles une régularisation provisoire accordée à quelque cinq millions de clandestins menacés d'expulsion.

La réforme du système d'immigration était l'une des principales promesses du candidat Obama. Mais après une série de revers au Congrès vis-à-vis duquel il estime avoir fait preuve d'une «patience extraordinaire», M. Obama a choisi, à deux ans de la fin de son mandat, d'agir par décrets sans attendre le vote d'une hypothétique loi.

À partir du printemps prochain, tout clandestin vivant depuis plus de cinq ans aux États-Unis, et ayant un enfant américain ou titulaire d'un statut de résident permanent, pourra demander un permis de travail de trois ans.

Par ailleurs, les conditions d'accès au programme Daca («Deferred Action for Childhood Arrival»), lancé en 2012, qui offre des permis de séjour aux mineurs arrivés sur le territoire américain avant l'âge de 16 ans, seront assouplies. Quelque 600 000 personnes en ont déjà bénéficié à ce jour.

La moitié des clandestins présents aux États-Unis y résident depuis plus de 13 ans.

Le Mexique, d'où sont originaires près de la moitié des sans-papiers aux États-Unis, a salué des mesures qui permettront de rendre leur «dignité» à des centaines de milliers de personnes. Le ministre des Affaires étrangères du Salvador, Hugo Martinez, a de son côté accueilli avec satisfaction des annonces qui offriront «un répit temporaire à beaucoup de nos compatriotes».

Chicago la semaine prochaine

«Le président va mettre tout son poids dans la balance pour défendre les mesures annoncées hier soir», a averti Dan Pfeiffer, l'un de ses proches conseillers. «Nous allons voyager à travers le pays, dans des États démocrates, dans des États républicains et dans des États indécis», a-t-il ajouté, soulignant que ce dossier serait «une priorité extrêmement importante» de l'année prochaine.

Un déplacement à Chicago centré sur ce thème est prévu mardi.

L'organisation Human Rights Watch a salué une initiative «louable, mais incomplète». «Le programme du président Obama visant à éviter à près de cinq millions d'immigrants et leurs familles d'être brisés par les expulsions est un coup porté à la cruauté arbitraire», a déclaré Antonio Ginatta, l'un des ses responsables. «Mais il reste indispensable d'arriver à une solution plus pérenne et complète».

Pour John Boehner, président de la Chambre des représentants, le président a «délibérément décidé de saboter toute chance d'aboutir à la réforme bipartisane qu'il appelle de ses voeux». Selon l'élu républicain, ces décisions «vont encourager plus de gens à venir ici de manière illégale». «Nous avons assisté à une crise humanitaire terrifiante à nos frontières l'été dernier. L'été prochain pourrait être pire», a-t-il ajouté.

Preuve du climat d'extrême défiance qui règne entre Capitol Hill et la Maison-Blanche, M. Boehner a par ailleurs formalisé vendredi le lancement, annoncé de longue date, de poursuites judiciaires contre le président accusé d'être allé «au-delà de ses pouvoirs constitutionnels» dans la mise en place de sa réforme du système de santé.

Ironisant sur les critiques de ses adversaires politiques sur sa méthode, M. Obama a assuré qu'il était prêt à travailler avec tous les dirigeants républicains s'ils décidaient d'agir sur ce dossier.

«J'entends certain dire 'Nous sommes pour une réforme de l'immigration, mais nous pensons qu'elle ne devrait pas être faite sans le Congrès'», a souligné le président américain. «Eh bien, Congrès, allez-y, faites-la !».

Le Mexique et l'Amérique centrale saluent les mesures d'Obama

Les gouvernements du Mexique et d'Amérique centrale, d'où proviennent bon nombre d'immigrants aux États-Unis, ont salué la décision jeudi du président Barack Obama de régulariser provisoirement quelque cinq millions de clandestins sur les 11 que compte le pays.

Le Mexique a «souhaité la bienvenue» à ces mesures «que peuvent bénéficier à un nombre significatif de Mexicains», restaurer «leur dignité» ainsi que leur offrir «de l'assurance», a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Le ministre des Affaires étrangères du Salvador, Hugo Martinez, a souligné dans un communiqué la «satisfaction» de son gouvernement devant ces mesures qui offriront «un répit temporaire à beaucoup de nos compatriotes».

De son côté, Otto Pérez, président du Guatemala, a remercié M. Obama.

«Nous allons convoquer les dirigeants d'organisations d'immigrants aux États-Unis et entre tous, nous allons dissiper les doutes et les inquiétudes», a-t-il ajouté à la télévision.

L'ensemble de ces pays a précisé que son réseau consulaire aux États-Unis était à la disposition des clandestins souhaitant obtenir des informations.

Ces annonces américaines ont également été saluées par de nombreux artistes latinos, réunis jeudi soir à Las Vegas pour la remise des Grammy Latinos.

À partir du printemps prochain, tout clandestin vivant depuis plus de cinq ans aux États-Unis, et ayant un enfant américain ou titulaire d'un statut de résident permanent, pourra demander un permis de travail de trois ans. La délivrance de permis de séjour aux mineurs arrivés sur le territoire américain avant l'âge de 16 ans va également être facilitée.

«Ce n'est ni une garantie de citoyenneté ni un droit à rester ici de manière permanente», a cependant souligné M. Obama, qui a légiféré par décret afin de passer outre l'opposition du Congrès américain, aux mains des républicains.