Les services secrets, la police d'élite chargée de la protection du président américain, a «failli à sa réputation», a admis mercredi son directeur par intérim devant le Congrès, deux mois après une spectaculaire intrusion à la Maison-Blanche.

«De toute évidence, le 19 septembre, nous avons raté l'exécution de notre plan de sécurité», a reconnu Joseph Clancy, à propos de l'intrusion d'un ancien combattant d'Irak au coeur même de la résidence du président Obama.

Le chef par intérim des prestigieux services secrets était interrogé, devant la commission judiciaire de la Chambre des représentants, sur une série de ratés récents qui ont éclaboussé cette police d'élite de qui comprend quelque 6500 personnes chargées entre autres de protéger en permanence le président des États-Unis et 26 autres personnes.

«Au lieu de rester l'organisation qui s'enorgueillit d'opérer secrètement et courageusement en coulisses, nous sommes désormais sous le feu des projecteurs», a déploré M. Clancy devant les élus américains. «Cela a eu des effets néfastes sur le moral des troupes et la sécurité opérationnelle avec dans les deux cas des conséquences potentiellement terribles».

M. Clancy a reconnu qu'une série d'événements «au cours des dernières années suggèrent que, même si nous recherchons la perfection, nous avons, en un nombre limité d'occasions, failli à notre réputation».

Le chef des services secrets a qualifié de «tout simplement inexcusable» l'intrusion à la Maison-Blanche, le 19 septembre, et d'«inacceptable» le délai écoulé avant de se rendre compte de la présence d'impacts de balles sur la Maison-Blanche le 11 novembre 2013.

«Nous avons failli dans nos procédures» sans prendre les «précautions suffisantes» a-t-il également admis à propos d'un autre incident, le 16 septembre à Atlanta, quand un agent de sécurité privé armé avait pris un ascenseur avec le président Obama.

Ces affaires s'ajoutent à d'autres scandales récents au sein des services secrets: en 2012, des agents en mission recevaient des prostituées en Colombie et en mars d'autres agents étaient retrouvés ivres aux Pays-Bas.

«Missions grandissantes»

«Si mon objectif est d'avancer et de m'attaquer aux futurs défis, je veux assurer le public que les incidents passés ne sont pas traités à la légère et ne se termineront pas sans des changements positifs», a martelé le chef des services secrets.

«Quand nous ne sommes pas entraînés de manière adéquate, nous échouons», a-t-il estimé, sous le feu des questions.

M. Clancy a précisé avoir mis en place une évaluation «exhaustive et à tous les niveaux de l'échelle pour déterminer les raisons profondes derrière chacune de ces erreurs».

Malgré des effectifs insuffisants, il a invoqué les «missions grandissantes» exigées du Secret Service depuis le 11 septembre 2001, comme la sécurité lors des sommets internationaux , des jeux Olympiques ou de conventions politiques. «Bref, nos opérations ne s'arrêtent jamais», a-t-il dit, évoquant la visite du pape en 2015 ou la campagne présidentielle de 2016 qui s'annonce.

M. Clancy a remplacé le 1er octobre Julia Pierson, qui avait démissionné après une intrusion spectaculaire à la Maison-Blanche, la 17e au total selon M. Clancy, sur fond de controverses sur l'infaillibilité de la sécurité de Barack Obama.

Le 19 septembre, Omar Gonzalez, 42 ans, ancien combattant d'Irak, avait grimpé par-dessus les 2,30 m de la grille nord de la Maison-Blanche, puis parcouru plus de 60 mètres de pelouse avant d'entrer par la porte principale de la Maison-Blanche et de traverser plusieurs salles. Il a finalement été arrêté dans le grand salon nommé «East Room».

Selon un rapport interne du département de la Sécurité intérieure, dont le Washington Post et le New York Times ont obtenu copie, le maître-chien censé pourchasser toute personne tentant de s'introduire dans la Maison-Blanche était en train de parler sur son téléphone portable personnel au moment des faits et ne portait pas son oreillette.

«Ce soir-là, nous n'avons pas eu les communications que nous aurions dû avoir», a résumé le patron des services secrets, en jugeant les moyens de communication à leur disposition d'«obsolètes».