De toutes les semaines qui séparent Barack Obama de son départ de la Maison-Blanche, en janvier 2017, celle qui commence pourrait être l'une des plus importantes. Et dangereuses.

Loin d'être abattu par la dégelée subie par son parti aux élections de mi-mandat, le président démocrate s'apprête, selon toutes les indications, à défier ses adversaires politiques sur deux dossiers controversés: l'oléoduc Keystone XL et l'immigration.

Reste à voir jusqu'où iront les républicains du Congrès pour contrecarrer le président. Brandiront-ils la menace d'une nouvelle paralysie du gouvernement fédéral ou même d'une procédure de destitution contre le locataire de la Maison-Blanche?

Et comment le public américain réagira-t-il à cet affrontement opposant un président affaibli à un parti qui vient non seulement de renforcer sa majorité à la Chambre des représentants mais également de prendre le contrôle du Sénat, l'autre organe du Congrès?

Il n'est évidemment pas assuré que Barack Obama sorte vainqueur d'une telle bataille. D'où le danger auquel il s'expose et qui confère un suspense aux jours qui viennent.

Suspense qui s'étend même au vote prévu demain au Sénat américain sur un projet de loi autorisant la construction de l'oléoduc Keystone XL. Vendredi, la Chambre des représentants a adopté un texte allant dans ce sens. Or, les promoteurs de la mesure au Sénat doivent réunir 60 voix sur 100 pour franchir la première étape menant à son adoption. Au moment d'écrire ces lignes, 59 sénateurs avaient confirmé leur appui au pipeline, qui doit permettre d'acheminer le pétrole extrait des sables bitumineux du Canada vers le golfe du Mexique.

Loin d'être abattu par la dégelée subie par son parti aux élections de mi-mandat, le président démocrate s'apprête, selon toutes les indications, à défier ses adversaires politiques sur deux dossiers controversés.

En attendant, Barack Obama a signalé son intention d'opposer son veto à tout projet de loi sur Keystone, faisant notamment valoir l'importance d'attendre l'issue d'une procédure judiciaire en cours dans le Nebraska, par où doit passer l'oléoduc. Il a également rappelé ses inquiétudes sur l'impact du pipeline sur les changements climatiques et ses doutes sur la pertinence énergétique du projet du groupe TransCanada d'un point de vue américain.

«Comprenez bien ce en quoi consiste ce projet», a déclaré Barack Obama jeudi dernier lors d'une conférence de presse à Rangoun, en Birmanie. «Il fournit au Canada la capacité de pomper son pétrole, de l'envoyer à travers notre territoire jusqu'au Golfe, où il sera vendu partout ailleurs. Cela n'aura aucun effet sur les prix de l'essence aux États-Unis.»

Cette déclaration a été aussi mal accueillie par les républicains que l'accord annoncé deux jours plus tôt entre Washington et Pékin sur le contrôle et la réduction des gaz à effet de serre.

Décrets sur l'immigration

Mais Barack Obama pourrait soulever une tempête encore plus grande à Washington en agissant seul sur l'immigration, ce qu'il pourrait faire dès cette semaine. Selon le New York Times et Fox News, il entend signer une série de décrets qui pourraient notamment permettre à 5 millions d'immigrés clandestins de régulariser leur situation aux États-Unis, du moins de façon temporaire.

Pas moins de 3,3 millions d'entre eux sont des parents d'enfants ayant la citoyenneté américaine ou un permis de séjour permanent. Ceux-ci pourraient se voir offrir des permis de travail temporaires.

Les républicains promettent de se battre «bec et ongles» contre un tel plan, qu'ils qualifient d'«amnistie». Ils pourraient tenter de le bloquer en menaçant de ne pas adopter la loi budgétaire qui permet au gouvernement fédéral de fonctionner. Ils avaient mis à exécution une telle menace l'an dernier dans une vaine tentative de bloquer l'application de la loi sur la santé.

Certains républicains ont également commencé à évoquer la possibilité de déclencher une procédure de destitution contre le président s'il agit de façon unilatérale sur l'immigration.

Mais Barack Obama a défendu son approche hier lors d'une conférence de presse tenue à Sydney à l'issue du sommet des pays du G20.

«Il y a une solution très simple à cette idée selon laquelle j'outrepasse les pouvoirs de l'exécutif», a-t-il dit en s'adressant aux républicains du Congrès. «Adoptez un projet de loi sur [l'immigration] que je peux signer.»

En juin 2013, le Sénat à majorité démocrate a approuvé un projet de loi bipartite sur l'immigration mais la Chambre des représentants, dominée par les républicains, n'y a pas donné suite. Et rien n'indique que le prochain Congrès agira autrement.

Surtout après cette semaine.