Les républicains ont remporté mardi les élections de mi-mandat aux États-Unis en prenant le contrôle du Congrès, un sérieux revers pour Barack Obama et ses alliés démocrates qui préfigure deux années d'une difficile cohabitation.

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Les adversaires du président américain ont conquis le Sénat et renforcé leur majorité à la Chambre des représentants, ce qui les place en position de dicter l'agenda parlementaire jusqu'à l'investiture du successeur de Barack Obama.

Le président Obama s'exprimera mercredi après-midi.

Lors de cette conférence de presse prévue à 14 h 50, annoncée par son porte-parole sur Twitter, M. Obama devrait expliquer la façon dont il entend travailler avec les républicains, qui contrôlent désormais les deux chambres du Congrès et sont en position de dicter l'agenda parlementaire pour les deux années à venir, jusqu'à la fin de son mandat.

Barack Obama ne s'est pas exprimé mardi, mais a invité les responsables du Congrès à la Maison-Blanche vendredi.

Leurs priorités seront économiques. Des dizaines de lois «pro-croissance» sont prêtes pour autoriser la construction de l'oléoduc Keystone XL entre le Canada et le Golfe du Mexique, doper la production de gaz naturel, aider les petites entreprises et réduire les réglementations.

«Cette expérience de trop d'États a suffisamment duré. Il est temps de changer de direction! Il est temps de remettre le pays sur la bonne voie!», a annoncé après sa propre réélection le sénateur républicain Mitch McConnell, appelé à incarner en tant que chef de la majorité du Sénat l'opposition à Barack Obama.

Le président de la Chambre, le républicain John Boehner, a immédiatement annoncé que le nouveau Congrès, qui prendra ses fonctions début janvier, s'attacherait aussi à «réformer le code fiscal, réduire notre problème de dépenses, réformer notre système juridique, notre système de réglementations et améliorer notre système éducatif».

«Le message des électeurs est clair: ils veulent que nous travaillions ensemble», a concédé Harry Reid, actuel chef de la majorité démocrate.

Premier sénateur noir élu dans le Sud

Les républicains passent de 45 à au moins 52 sièges sur 100, selon les projections des télévisions américaines.

À la Chambre, ils pourraient gagner jusqu'à 18 sièges, selon la chaîne ABC, ce qui leur donnerait la plus large majorité républicaine depuis 1946.

Au total, plus de 100 femmes siègeront au Congrès.

Parmi elles, Elise Stefanik, une républicaine de 30 ans, devient la plus jeune femme à être élue au Congrès où elle représentera l'État de New York. À 38 ans, Mia Love, élue dans l'Utah (ouest), est quant à elle la première femme noire républicaine élue à la Chambre des représentants, un siège conquis aux démocrates.

En Caroline du Sud, le républicain Tim Scott, 49 ans, est lui devenu le premier Afro-américain du sud des États-Unis à être élu sénateur depuis l'après-guerre de Sécession.

Les républicains auront pour responsabilité de remettre le Congrès au travail, après quatre années d'une guerre de tranchées parlementaire. Aucune réforme d'ampleur n'a été adoptée, notamment sur l'immigration qui reste un dossier brûlant avec plus de 11 millions de sans-papiers installés aux États-Unis.

Les sondages de sortie des urnes montraient un électorat désabusé: 79% des personnes ayant voté désapprouvent le travail du Congrès, et deux tiers estiment que le pays va dans la mauvaise direction. Moins d'un sur trois se dit satisfait de l'administration de Barack Obama, un chiffre équivalent pour les dirigeants du parti républicain au Congrès, selon CNN.

Les démocrates ont sauvé leur siège du New Hampshire. Mais les candidats républicains leur ont repris notamment l'Arkansas, la Caroline du Nord, le Colorado, le Montana et l'Iowa. La Louisiane organisera un second tour le 6 décembre, et les résultats en Alaska et en Virginie n'étaient pas encore connus.

Dissensions républicaines

Barack Obama, qui ne s'est pas exprimé mardi, a invité les responsables du Congrès à la Maison-Blanche vendredi, selon son porte-parole. Les élus du Congrès actuel reviendront siéger à partir du 12 novembre, et le nouveau Congrès ne prendra ses fonctions que le 3 janvier.

Le président finira ainsi son mandat avec le parti adverse contrôlant les deux chambres du Congrès, comme avant lui George W. Bush, Bill Clinton, George Bush et Ronald Reagan. Les élections de mi-mandat ont traditionnellement pris la forme de votes-sanctions contre le parti au pouvoir à la Maison-Blanche.

Ni la baisse du chômage à 5,9%, au plus bas depuis six ans, ni la robuste croissance du PIB, +3,5% au troisième trimestre, ni sa réforme du système de santé ne semblent avoir été mis au crédit du démocrate.

Reste à savoir ce que feront les républicains de leur majorité. Mitch McConnell a souligné que Barack Obama conservait son pouvoir de veto, et ne promulguerait vraisemblablement pas de lois démolissant les grands chantiers de sa présidence, à commencer par sa réforme du système de santé, Obamacare.

Mais les dissensions internes au parti républicain sont notoires, et rien n'indique que les élus du Tea Party, comme le sénateur texan Ted Cruz, vont accepter de tendre la main aux démocrates pour favoriser un esprit de compromis.

Réagissant immédiatement aux élections sur CNN, Ted Cruz a directement contredit le chef républicain en assénant: «Nous devons adopter une abrogation complète» d'Obamacare.