Après des mois de campagne et des milliards de dollars de dépenses électorales, les Américains éliront mardi le Congrès qui votera les lois pour les deux dernières années du mandat de Barack Obama, des élections serrées où les républicains sont favoris.

Toute la Chambre des représentants et le tiers environ du Sénat seront renouvelés, mais la nouvelle majorité dépendra de seulement dix sénatoriales à suspense, où les démocrates craignent un vote-sanction décisif contre le président des États-Unis. Pour la première fois depuis 2006, les républicains sont en position de dominer les deux chambres du Congrès, la Chambre étant assurée de rester à majorité républicaine.

«Une voix pour les démocrates est une voix pour Barack Obama», répètent méthodiquement les républicains, un argument simplissime issu d'un constat sans appel: le président américain reste impopulaire, avec 41% d'opinions favorables selon le baromètre Gallup.

Ces attaques ont forcé les candidats démocrates à des acrobaties verbales pour prouver leur indépendance politique. Alison Lundergan Grimes, dans le très conservateur Kentucky, refuse avec insistance de dire si elle a voté pour Barack Obama. Mark Begich, dans l'Alaska, a déjà relégué le président américain dans les annales de l'histoire en le déclarant «hors sujet».

Obama et Clinton

Mais la frustration des Américains touche l'ensemble de la classe politique, pas seulement les démocrates. Plus de 75% des Américains désapprouvent le travail du Congrès, un record. Cette défiance n'a pas conduit à une massive vague républicaine, ce qui explique que les sondages restent serrés et rend la soirée électorale de mardi imprévisible.

«C'est comme une lourde journée d'été, on sait qu'une tempête va se développer, même si on ne la voit pas au radar», décrivait cette semaine le sondeur républicain Whit Ayres, lors d'un des nombreux débats organisés dans la capitale en ébullition. Mais «depuis dix jours, une semaine, on commence à percevoir les premiers indices de la tempête», en particulier des sondages qui placent plus souvent les républicains en tête, bien que dans la marge d'erreur.

Barack Obama a levé 25 millions de dollars pour les candidats démocrates au Sénat, il a mis à disposition du parti ses précieuses bases de données, mais il s'est contenté de déplacements sûrs dans des États qui lui sont majoritairement favorables (Maine, Rhode Island, Michigan, Pennsylvanie, Connecticut depuis jeudi).

«Cette élection est trop importante pour que vous restiez chez vous», a-t-il lancé samedi soir lors d'une réunion à Detroit où il a lancé un appel aux abstentionnistes. «Ne laissez pas quelqu'un d'autre choisir votre propre avenir. Quand nous votons, nous gagnons».

L'omniprésente Hillary Clinton, peut-être en prélude à une campagne présidentielle, a en revanche multiplié les réunions de soutien (Louisiane, New Hampshire, Kentucky, Iowa, Colorado, Caroline du Nord...), avec un message sur mesure pour mobiliser les électrices.

Deux ans de cohabitation ?

Un Congrès républicain aggraverait-il la paralysie politique à Washington, ou ouvrirait-il la porte à une nouvelle ère de coopération?

Les priorités démocrates - augmentation du salaire minimum fédéral; loi sur l'égalité salariale; environnement; loi anti-discriminations LGBT au travail... - seraient remisées. Les républicains tenteront d'abroger la réforme du système de santé symbolique du premier mandat de Barack Obama («Obamacare»), et de revenir sur des réglementations environnementales pour doper la production pétrolière.

Mais les républicains voudront aussi présenter un bilan fructueux à la présidentielle de 2016, et pour obtenir des résultats, il leur faudra négocier avec Barack Obama qui conserve son pouvoir de veto.

Amy Walter, experte électorale au Cook Political Report, estime ainsi que «le meilleur résultat, pour les républicains, serait qu'ils n'aient pas de vague électorale». En gagnant le Sénat de justesse, dit-elle, ils seraient incités à gouverner plus au centre afin de gagner la coopération nécessaire d'élus du camp adverse.

Une théorie confirmée implicitement par Mitch McConnell, qui deviendrait chef de la majorité du Sénat en cas de victoire.

«Une nouvelle majorité républicaine ne signifierait pas que nous serions capables d'obtenir tout ce que vous voulez», a-t-il déclaré samedi dans l'allocution hebdomadaire du parti. «Mais nous serions capables de mettre un terme miséricordieux à la paralysie législative actuelle».