Les Américains éliront mardi un nouveau Congrès, qui pourrait repasser entièrement sous domination républicaine, pour la première fois depuis 2006.

Les républicains, déjà majoritaires à la Chambre des représentants, ont de bonnes chances de ravir le Sénat jusqu'à la fin du mandat de Barack Obama en 2017. Les deux chambres du Congrès pourraient donc faire bloc face à la Maison-Blanche, contraignant le président à user de son veto ou à coopérer avec son opposition.

«On verra certainement plus de lois votées, au lieu du blocage actuel», affirme à l'AFP Don Stewart, le porte-parole de Mitch McConnell, le chef des républicains du Sénat. Aucun programme législatif officiel n'a été annoncé avant les élections, mais les dirigeants républicains ont souvent évoqué leurs priorités.

Politique étrangère

- Iran : début 2014, de nombreux républicains et plusieurs démocrates avaient tenté de voter de nouvelles sanctions économiques contre l'Iran, afin de faire pression sur Téhéran dans les négociations internationales sur son programme nucléaire. Mais le chef de la majorité démocrate avait bloqué la tentative, sur demande de la Maison-Blanche.

Un Congrès entièrement républicain pourrait se rebeller contre une prolongation des négociations au-delà de la date-butoir du 24 novembre, ou un nouvel allégement des sanctions.

- Le groupe État islamique : le parti républicain, comme le parti démocrate, est divisé à l'interne entre ses ailes interventionniste et isolationniste. Beaucoup réclament un débat sur une autorisation de recours à la force contre les djihadistes de l'EI, mais l'issue en reste incertaine. Pour John Boehner, président de la Chambre, ce débat parlementaire ne doit pas avoir lieu avant la prise de mandat des nouveaux élus, en janvier.

- Accords de libre-échange : le sénateur Bob Corker, appelé à devenir président de la commission des Affaires étrangères en cas de victoire républicaine, s'est dit favorable lors d'une interview récente avec un quotidien du Tennessee à une conclusion rapide des traités de libre-échange négociés avec l'Union européenne, d'une part, et plusieurs pays asiatiques (Partenariat transpacifique, TPP).

Environnement, énergie

- Keystone XL : la construction de l'oléoduc devant transporter les sables bitumineux de l'Ouest canadien vers les raffineries du golfe du Mexique est une priorité républicaine. La Chambre a voté sept fois, en vain, pour autoriser le chantier, mais l'administration de Barack Obama ne cesse de repousser sa décision pour en étudier l'impact environnemental. Nul doute qu'un Sénat aux mains des républicains donnerait rapidement son aval au projet, qui permettrait selon eux de créer 20 000 emplois directs et d'améliorer l'indépendance énergétique nord-américaine.

- Charbon, réglementations environnementales : le républicain appelé à devenir l'homme fort du Sénat, Mitch McConnell, représente le Kentucky, où les mines de charbon ferment les unes après les autres. Il dénonce la «guerre contre le charbon» menée par Barack Obama et entend revenir sur les nouvelles normes d'émissions de CO2 pour les centrales thermiques au charbon, ce qui anéantirait le plan de la Maison-Blanche de réduire de 30 % d'ici 2030 les émissions des centrales électriques existantes, par rapport à 2005.

Santé, économie

- Réforme du système de santé : Obamacare, votée en 2010 et entrée pleinement en vigueur le 1er janvier dernier, représente aux yeux des républicains le symbole d'un État trop fort et trop dépensier. La faction la plus conservatrice réclamera une abrogation totale, mais «cela nécessiterait la promulgation du président, et personne ne pense qu'il signera», a reconnu Mitch McConnell sur Fox News mardi. Le sénateur envisage plutôt d'abroger des volets spécifiques, comme une taxe sur les appareils médicaux, et l'obligation universelle d'être assuré.

- Réforme gouvernementale : «Une partie de notre programme législatif en 2015 concernera la réforme et la rationalisation des administrations fédérales pour que l'État fonctionne comme il devrait», a annoncé Kevin McCarthy, chef de la majorité républicaine de la Chambre, dans un mémo à ses troupes la semaine dernière. Au programme, notamment : des lois pour accélérer le processus de permis pour les oléoducs, l'exploitation minière, l'autorisation des médicaments.

Cour suprême

Toutes les personnes nommées par le président des États-Unis comme juges fédéraux, à de hauts postes de l'armée ou de l'administration doivent être confirmées par un vote du Sénat américain. Si les républicains prenaient la majorité, Barack Obama verrait sa capacité de nomination restreinte, ce qui inquiète les démocrates en cas de départ à la retraite d'un des neuf juges de la Cour suprême.