Marquée par une accolade, cette rencontre joyeuse est intervenue au cours d'une journée où Washington a évoqué pour la première fois la possibilité de placer en quarantaine les personnels médicaux arrivant aux États-Unis de pays où ils ont traité des malades d'Ebola. Les gouverneurs de New York et du New Jersey ont cependant décidé de ne pas attendre, annonçant hier l'imposition d'une quarantaine à tous les voyageurs ayant été en contact avec des patients atteints du virus en Afrique de l'Ouest.

«Une quarantaine volontaire ne suffit pas. C'est une situation trop sérieuse sur le plan de la santé publique», a déclaré le gouverneur de New York Andrew Cuomo.

Une infirmière de New York de retour du Sierra Leone a été la première à faire les frais de cette nouvelle politique à son arrivée à l'aéroport de Newark, au New Jersey. Souffrant de fièvre, elle a plus tard été transportée dans un hôpital de Newark.

Craig Spencer, le médecin new-yorkais atteint du virus Ebola, tombait dans la catégorie des soignants ayant traité des patients infectés. Rentré le 14 octobre de Guinée, où il avait travaillé pour Médecins sans frontières, il a été testé positif à la fièvre hémorragique jeudi, une nouvelle qui a créé un climat d'anxiété dans la plus grande ville américaine.

Apaiser les craintes

Pour la deuxième journée de suite, les autorités new-yorkaises ont tenté d'apaiser les craintes en multipliant les propos rassurants ainsi que les informations sur les déplacements du patient au cours des journées qui ont précédé sa mise en quarantaine à l'hôpital Bellevue de Manhattan.

«Je veux répéter ce que j'ai dit hier soir: il n'y a pas lieu de s'inquiéter. L'Ebola est une maladie extrêmement difficile à contracter», a déclaré le maire de New York Bill de Blasio lors d'une conférence de presse hier après-midi.

«Il n'y a aucune raison pour que les New-Yorkais changent quoi que ce soit à leur routine quotidienne», a-t-il ajouté avant d'aller prendre le métro pour donner l'exemple.

Certains New-Yorkais ont néanmoins eu du mal à digérer les informations concernant l'emploi du temps du Dr Spencer à la veille de la confirmation de sa maladie. Celui-ci a notamment emprunté deux lignes de métro - A et L - pour se rendre de son appartement situé dans la 147e Rue, à Harlem, à une salle de quilles appelée Gutter dans le quartier Williamsburg de Brooklyn.

Le médecin de 33 ans, qui prenait sa température deux fois par jour depuis son départ de Guinée, est rentré chez lui en empruntant le service de voiture avec chauffeur Uber. Il se sentait faible depuis deux jours, mais il n'était pas fiévreux, selon ses dires.

Le lendemain matin, cependant, il a contacté Médecins sans frontières (MSF) après avoir constaté que sa température était supérieure à la normale. Selon l'organisation internationale, il a suivi les règles de précaution prescrites à ses membres de retour de pays touchés par l'Ebola.

«Cette personne surveillait régulièrement son état de santé et a fait part de ce développement immédiatement», a indiqué MSF USA dans un communiqué.

Mais Judy Bonilla, une travailleuse sociale de Harlem, n'était pas rassurée.

«Malgré tout le respect que j'ai pour le travail que ce jeune médecin a accompli en Afrique, je pense qu'il aurait dû rester chez lui», a-t-elle déclaré avant de prendre un métro de la ligne A. «Il savait ce qu'il faisait. Il a mis en danger la vie d'autrui.»

Les experts ne sont pas de cet avis.

«Il est hautement improbable, voire impossible», que le Dr Spencer ait pu contaminer un usager du métro, a déclaré Mary Bassett, responsable des services de santé de la ville de New York. «Il n'était pas à un stade de contagion.»

Néanmoins, des détectives spécialisés tenteront de retrouver toutes les personnes avec lesquelles le Dr Spencer est entré en contact, à partir du moment où ses symptômes se sont manifestés jusqu'à son hospitalisation.

En attendant, la fiancée du patient, Morgan Dixon, a déjà été placée en quarantaine à l'hôpital Bellevue, ainsi que deux de leurs amis.

L'infirmière reçue à la Maison-Blanche

Barack Obama a reçu à la Maison-Blanche Nina Pham peu après la sortie de l'infirmière de la clinique des Instituts américains de la santé (NIH), où elle était traitée depuis le 16 octobre.

«Je suis en convalescence», a-t-elle déclaré en lisant un texte devant les journalistes. Après avoir remercié Dieu, sa famille et ses amis, elle a affirmé qu'elle pensait à «tant d'autres qui n'ont pas été aussi chanceux».

L'hôpital Emory, à Atlanta, a annoncé qu'Amber Vinson, la seconde infirmière contaminée en soignant un patient libérien, Eric Duncan, dans un hôpital de Dallas, était également guérie.

À New York, l'état du Dr Spencer est stable. Son cas pourrait pousser le gouvernement américain à imposer une quarantaine aux soignants qui reviennent de pays touchés par l'épidémie d'Ebola.