La Maison-Blanche est censée être un des endroits les mieux protégés au monde. Et pourtant, un intrus armé d'un couteau a réussi à s'y introduire le 19 septembre, mettant de nouveau dans l'embarras les services secrets, dont la directrice a dû s'expliquer hier devant une commission de la Chambre des représentants. Retour sur les principales questions soulevées par les failles de l'agence chargée de la sécurité du président et de sa famille.

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Que s'est-il vraiment passé le 19 septembre?


Vers 19h20, Omar Gonzalez, un ancien combattant âgé de 42 ans souffrant du syndrome de stress post-traumatique, a pénétré dans l'enceinte de la Maison-Blanche en sautant par-dessus la clôture de sécurité. Poursuivi par des agents, il a atteint le portique nord de la résidence après avoir sprinté sur une distance de 70 mètres.

Portant sur lui un couteau pliant, il a pénétré dans la Maison-Blanche, traversé le foyer et atteint l'East Room, une grande salle utilisée pour des concerts, dîners officiels et conférences de presse. Un agent qui venait de finir son quart de travail a fini par le maîtriser devant la Green Room, un salon de réception.

Selon les premières déclarations des services secrets, Gonzalez avait été stoppé dans le portique nord, ce qui s'est révélé faux.

Quoi qu'il en soit, les Obama n'ont jamais été en danger, ayant quitté la Maison-Blanche à 19h05 pour Camp David.

Pourquoi Gonzalez n'a-t-il pas été stoppé plus tôt?

Lors de son audition à la Chambre des représentants, la directrice des services secret, Julia Pierson, a répété à plusieurs reprises que des «erreurs ont été commises» et que le «plan de sécurité n'a pas été exécuté de manière adéquate». Elle a notamment expliqué que la porte en verre du portique nord n'avait pas été fermée à clef après qu'Omar Gonzalez eut franchi la barrière d'enceinte. Elle a ajouté qu'une porte de bois intérieure était sur le point d'être verrouillée lorsque l'intrus l'a ouverte, avant de renverser une agente du Secret Service et de pénétrer dans la Maison-Blanche. Le représentant républicain Darell Issa a pour sa part déclaré que les «cinq anneaux de sécurité» censés protéger la Maison-Blanche avaient échoué. Ceux-ci incluent un chien d'attaque qui n'a pas été lâché, une équipe SWAT qui n'a pas réagi à temps et un système d'alarme dont le son avait été baissé.



Comment les élus ont-ils réagi à ces failles?

«J'aimerais que vous protégiez la Maison-Blanche comme vous protégez votre réputation ici aujourd'hui», a déclaré hier le représentant démocrate Stephen Lynch à Julia Pierson, nommée à la tête du Secret Service après l'affaire de prostitution impliquant des agents de l'agence en Colombie. D'autres parlementaires ont exprimé leur indignation face à l'intrusion d'Omar Gonzalez en réclamant la démission de la directrice des services secrets. Barack Obama n'a pas commenté les nouvelles révélations concernant l'intrusion de Gonzalez dans la résidence.

La semaine dernière, il avait défendu les agents chargés d'assurer sa protection. «Le Secret Service fait de l'excellent travail. Je suis reconnaissant pour tous les sacrifices qu'ils font pour moi et pour ma famille.»

La sécurité du président au coeur de cinq scandales

LES INTRUS

Le 24 novembre 2009, un couple non invité réussit à pénétrer dans la Maison-Blanche à l'occasion d'un dîner officiel en l'honneur du premier ministre indien Manmohan Singh sans être inquiété par les agents des services secrets. Tareq et Michaele Salahi, qui aspiraient à participer à un show de téléréalité, publieront plus tard sur leur page Facebook une photo d'eux en compagnie du vice-président, Joe Biden et une autre avec le chef de cabinet de la Maison-Blanche, Rahm Emanuel.



PHOTO ROBERT DEVANEY, ARCHIVES REUTERS

Tareq et Michaele Salahi

LES COUPS DE FEU

Depuis une voiture garée à environ 700 mètres de la Maison-Blanche, Oscar Ortega-Hernandez tire au moins sept balles sur la résidence présidentielle, le 11 novembre 2011. Selon le Washington Post, il faudra cinq jours avant que les services secrets réalisent ce qui s'est passé et en informent les Obama, dont la fille cadette était présente au moment de l'incident. Toujours selon le Post, Barack et Michelle Obama ont été furieux de la réaction inappropriée des services secrets.



PHOTO ARCHIVES AFP

Oscar Ortega-Hernandez

LES PROSTITUÉES

Le 15 avril 2012, 11 membres des services secrets sont suspendus après avoir été impliqués dans une affaire de prostitution en Colombie, où Barack Obama participe au Sommet des Amériques. L'affaire a débuté deux jours avant l'arrivée du président, dans un hôtel du quartier Bocogrande, à Carthagène, où des agents ont passé une soirée festive en compagnie de plusieurs femmes. L'une d'elles fera éclater le scandale en se plaignant de ne pas avoir été payée.





PHOTO ARCHIVES REUTERS/STRINGER

LA BEUVERIE

Le 25 mars 2014, trois agents des services secrets chargés de la sécurité de Barack Obama lors de sa visite aux Pays-Bas sont renvoyés aux États-Unis et mis à pied après une nuit de beuverie. L'un d'eux est retrouvé ivre mort dans le hall d'un d'hôtel d'Amsterdam, à la veille de l'arrivée du président dans cette ville où il doit participer à une rencontre sur la crise ukrainienne. Les agents ont violé les nouvelles règles des services secrets adoptées après le scandale en Colombie.



PHOTO ARCHIVES AFP

Barack Obama

LE VÉTÉRAN

Le 19 septembre dernier, Omar Gonzalez, un vétéran de la guerre d'Irak, escalade la clôture entourant la Maison-Blanche, parcourt la pelouse présidentielle sur une distance de 70 mètres avant d'entrer dans la résidence exécutive par le portique Nord. Il fera quelques pas dans l'East Room avant d'être arrêté devant la Green Room. À l'origine, les services secrets ont affirmé que l'intrus avait été stoppé dans le portique nord. Gonzalez portait sur lui un couteau pliant.

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Omar Gonzalez