Barack Obama n'a laissé personne indifférent cette semaine lors d'une conférence de presse. Mais ce n'est pas son aveu étonnant sur le fait que Washington n'a «pas encore de stratégie» sur la façon de combattre l'État islamique en Syrie qui a choqué. Ni son refus d'envoyer des troupes en Ukraine même s'il est convaincu que des soldats russes s'y trouvent.

Non. Pendant que le président discutait de ces deux crises internationales majeures, c'est plutôt la couleur de son complet qui a enflammé les réseaux sociaux. Explications: le président est presque toujours vêtu de bleu foncé ou de gris. Mais ce jour-là, il portait du beige.

«Je n'aime vraiment pas ce complet. Il envoie un mauvais signal à nos alliés», a dit le journaliste politique américain Andrew Kaczynski sur Twitter.

«Le président Obama est venu pour nous vendre une assurance contre les tornades», a lancé un certain Jared Keller, jugeant probablement le nouveau look plus conforme à celui d'un agent d'assurances que d'un président.

D'autres ont ironisé sur le fait que, en plus d'être beige, le veston d'Obama semblait trop grand.

Pas moins de 4000 gazouillis sur la couleur du costume ont fusé sur Twitter pendant la conférence de presse. Vendredi, en milieu d'après-midi, la firme d'analyste Topsy en avait compté plus de 25 000.

Brun clair, en anglais, se traduit par tan. Le mot clé #YesWeTan, un clin d'oeil au slogan de la première campagne présidentielle d'Obama, Yes We Can, a provoqué une avalanche de blagues. Et on parle maintenant de «Suitgate» pour qualifier l'incident.

Devant l'ampleur du phénomène, la Maison-Blanche a fini par réagir, vendredi.

«Le président assume pleinement la décision qu'il a prise de porter un costume estival à la conférence de presse. C'était le jeudi avant la fête du Travail. Il se sent très bien avec ça», a indiqué vendredi le secrétaire de presse de la Maison-Blanche, Josh Earnest.

«Plus simple que d'analyser des conflits»

Des commentateurs ont relevé qu'Obama avait été victime de ce que vivent les femmes en politique, dont l'apparence est scrutée à la loupe et noie souvent le message.

«Ça révèle surtout que les gens ne s'intéressent pas à la politique. Au lieu de parler de questions extrêmement importantes, on préfère faire des blagues sur le complet du président. Ça se partage mieux sur les réseaux sociaux et, surtout, c'est plus simple que d'analyser des conflits» dit Thoma Daneau, stratège numérique chez Palm+Havas.

M. Danau note que, une fois lancé sur les réseaux sociaux, le phénomène est difficile à arrêter: «Il y a un effet de masse, ça devient un concours à qui sortira la meilleure blague.»

«Nous n'avons pas encore de stratégie sur la couleur du costume que je porterai demain», a écrit Andrew Katz pour se moquer des propos de Barack Obama, qui a avoué que les États-Unis n'avaient pas de stratégie de lutte contre l'État islamique en Syrie.

Ce que le complet beige a occulté

En plus de porter un complet beige, Barack Obama a dit des choses intéressantes lors de sa fameuse conférence de presse.

Alors que Moscou nie toujours avoir envoyé des soldats en Ukraine, le président Barack Obama a affirmé qu'il est «évident aux yeux du monde entier que des forces russes se trouvent en Ukraine».

Il a toutefois exclu tout recours à la force dans la région mais a annoncé qu'il recevrait son homologue ukrainien, Petro Porochenko, le mois prochain à la Maison-Blanche.

Du côté du Proche-Orient, alors que les Américains bombardent les terroristes de l'État islamique en Irak depuis trois semaines, Barack Obama a avoué sans détour qu'il ne sait pas comment combattre le groupe en Syrie.

«Nous n'avons pas encore de stratégie», a-t-il admis.

Le régime du président Bachar al-Assad combat l'État islamique en Syrie, mais Barack Obama a affirmé qu'il n'a pas à choisir entre ces deux camps.

- Avec l'AFP