Il est encore trop tôt pour parler d'un nouvel Edward Snowden. Mais la communauté du renseignement des États-Unis n'en a pas moins conclu à la présence d'une nouvelle taupe dans ses rangs, selon des médias américains.

Ce constat fait suite à la publication, mardi, d'un document confidentiel sur des bases de données antiterroristes par The Intercept, un site d'information fondé par Glenn Greenwald, le journaliste qui a dévoilé une part des renseignements fournis par l'ancien agent de la NSA.

Préparé par le Centre national de l'antiterrorisme et daté du mois d'août 2013, le document n'a pu être obtenu par Edward Snowden, qui a quitté la NSA en mai 2013. The Intercept s'est contenté d'écrire qu'il provient «d'une source faisant partie de la communauté du renseignement».

Selon des médias américains, les responsables du renseignement songent à demander au ministère de la Justice d'ouvrir une enquête sur l'origine de cette fuite.

Bases de données antiterroristes

Le document publié par The Intercept fait état de deux bases de données antiterroristes dont la taille a doublé depuis le début de la présidence de Barack Obama. L'une contient les noms de 680 000 individus devant être «suivis avec attention», dont 280 000 n'ont aucune «affiliation connue à un groupe terroriste».

Elle contient aussi les noms de 3258 «terroristes connus ou soupçonnés», dont 815 Européens et Canadiens qui seraient mêlés de près ou de loin à la guerre en Syrie. Une autre liste confidentielle regroupe les noms de 47 000 individus, dont 800 Américains, à qui il est interdit de monter dans un avion.

Les groupes de défense des libertés civiles ont critiqué ces listes par le passé, en mettant notamment en cause les critères parfois nébuleux ou arbitraires qui dictent leur confection.

Allusion à une autre taupe

Les responsables de The Intercept refusent depuis mardi de répondre aux questions sur l'existence d'une nouvelle taupe au sein de la communauté du renseignement américain. Ils y ont cependant fait allusion au cours des derniers mois dans diverses interviews.

En mai dernier, Jeremy Scahill, autre fondateur du site, a répondu ainsi à une question de La Presse sur l'impact qu'avait eu sur son travail la campagne de l'administration Obama contre les «lanceurs d'alerte»:

«Je ne peux pas m'étendre sur ce que nous avons obtenu à The Intercept, mais d'autres lanceurs d'alerte se sont manifestés à cause de ce que Snowden a fait. Ils sont enhardis par ce qu'il a fait. Glenn [Greenwald] dit souvent que le courage appelle le courage. Je pense que c'est vrai.»

Scahill a signé avec un collègue, Ryan Devereaux, les articles de The Intercept sur les bases de données antiterroristes. Pour être décrite comme un nouvel Edward Snowden, la source du site d'information ne devrait évidemment pas s'arrêter à un document. À titre comparatif, l'ancien agent de la NSA s'est enfui avec 1,77 million de documents ultraconfidentiels, selon une estimation.

The Intercept, qui a promis de publier d'autres documents fournis par Snowden, est financé par le fondateur d'eBay, Pierre Omidyar.