Jeudi matin, après avoir été informé de l'écrasement du vol MH17 en Ukraine, Barack Obama est monté à bord d'Air Force One pour se rendre à Wilmington, plus grande ville du Delaware, où il devait prononcer un discours de routine sur les infrastructures de transport.

Mais avant de prendre le micro, le président américain s'est arrêté au Charcoal Pit pour casser la croûte avec une femme célibataire qui lui avait fait part de ses difficultés dans une lettre. Désireux de rencontrer des citoyens ordinaires et de promouvoir ses politiques intérieures, il tient ce genre de rendez-vous depuis le début de l'été.

«Biden m'a dit que les hamburgers étaient très bons», a dit Barack Obama à son arrivée au Charcoal Pit, en faisant référence à son vice-président, qui vient du Delaware.

Ce n'est qu'en après-midi que le président a fait sa première déclaration publique concernant la destruction en plein vol du Boeing 777 de la Malaysia Airlines.

«Cela semble être une terrible tragédie. Les États-Unis offriront tout leur soutien pour aider à déterminer ce qui s'est passé et pourquoi», a-t-il dit, consacrant 38 secondes de son discours sur les infrastructures au sujet qui monopolisait l'attention des médias et du public américains.

Après son allocution au Delaware, le président a poursuivi sa route vers New York, où il a participé en soirée à une activité de collecte de fonds pour le Parti démocrate. Au cours de son envolée, les médias ont fait état d'une autre nouvelle majeure dont les conséquences étaient aussi imprévisibles que troublantes: la décision d'Israël d'envoyer des troupes au sol à Gaza.

Mais Barack Obama n'a jamais songé à changer son horaire officiel. Et les médias l'ont montré en train de manger un hamburger au Charcoal Pit pendant que les restes de l'appareil de la Malaysia Airlines fumaient encore. Et ils ont évoqué les sommes versées par quelque 30 riches new-yorkais - jusqu'à 32 000$ par personne - pour avoir le privilège de dîner avec le président pendant que les Palestiniens comptaient leurs morts.

Kevin McCarthy, nouveau numéro deux des républicains à la Chambre des représentants, s'est fait l'écho vendredi des critiques de son camp concernant l'emploi du temps du président.

«Au lieu de répondre aux multiples crises internationales, le président semble penser que sa participation à une activité de collecte de fonds à New York était le meilleur emploi de son temps», a-t-il déclaré dans un communiqué publié sur son site internet.

La Maison-Blanche a défendu le président en faisant valoir qu'il s'était entretenu au téléphone sur Air Force One avec les dirigeants d'Ukraine et de Malaisie et, à sa descente d'avion, avec son secrétaire d'État John Kerry. Autrement dit, le président n'a peut-être pas changé son horaire officiel jeudi, mais il a continué d'assumer ses responsabilités en coulisses.

Et il a fait le lendemain à la Maison-Blanche une déclaration importante, mettant en cause la Russie dans l'accident qui a coûté la vie à 298 personnes.

Golf, bière et billard

Mais ce n'était pas la première fois au cours des dernières semaines que l'emploi du temps de Barack Obama jurait avec les crises du jour. Pendant que l'offensive islamiste battait son plein en Irak, il jouait au golf et participait à des activités de collecte de fonds en Californie. Pendant que des élus républicains et démocrates le priaient de se rendre à la frontière sud, où affluent des mineurs clandestins non accompagnés, il buvait de la bière et jouait au billard avec le gouverneur du Colorado.

«Je ne suis pas intéressé aux séances de photos», a déclaré le président le lendemain en arrivant au Texas, où il a rencontré des responsables locaux et participé à des activités de collecte de fonds, tout en se tenant loin de la frontière.

Les spécialistes de la présidence estiment que les critiques de l'emploi du temps de Barack Obama sont souvent simplistes. Comme si le fait de partager un repas avec une citoyenne ordinaire, de prendre une bière avec un gouverneur ou encore de participer à une activité de collecte de fonds pouvait empêcher le président de faire son travail.

Mais une chose est sûre: les images des derniers jours n'aident pas Barack Obama à combattre l'idée véhiculée par ses critiques selon laquelle il est «trop détaché» voire «trop passif» face aux crises qui s'accumulent.