Le militant sans-papiers José Antonio Vargas, lauréat du prestigieux prix Pulitzer de journalisme, a été libéré quelques heures après son arrestation par la police américaine mardi dans une ville frontalière avec le Mexique.

«Il a été libéré», s'est contenté d'indiquer Omar Zamora un porte-parole de la police frontalière à l'AFP, sans plus de détails.

Jose Antonio Vargas a pour sa part publié un communiqué de presse sur la page Facebook de l'association qu'il a fondée pour défendre les droits des sans-papiers, Define American.

«J'ai été relâché par la police des frontières et je veux remercier tous ceux qui m'ont soutenu ainsi que tous les immigrants sans papiers du sud du Texas et à travers le pays. Nos vies quotidiennes sont remplies de peur pour des actes aussi simples que de monter dans un avion pour rejoindre nos familles», a dit M. Vargas.

Son arrestation dans la matinée de mardi a déclenché une levée de boucliers aux États-Unis.

Le maire de New York Bill de Blasio a appelé à sa libération, affirmant que M. Vargas «incarne les valeurs de l'Amérique» et que sa détention montre «que la police de l'immigration ne sait pas user de son pouvoir de discrétion et arrête des immigrants qui sont depuis longtemps aux États-Unis sans menacer notre sécurité».

M. Vargas et des représentants de «Define American» se sont rendus dans la ville de McAllen, au Texas, pour «se joindre (aux autres associations) United We Dream et Minority Affairs Council afin d'humaniser les histoires des enfants et familles qui fuient les régions les plus dangereuses d'Amérique centrale», avait indiqué l'ONG dans un communiqué peu après l'arrestation de M. Vargas.

Quand le militant et journaliste a tenté d'embarquer à bord d'un avion pour Los Angeles à l'aéroport de McAllen mardi matin, «il n'a pas réussi à passer la sécurité», ajoutait le communiqué, qui en appelait au président des États-Unis pour obtenir sa libération.

M. Vargas, âgé de 33 ans, est né aux Philippines. Quand il avait 12 ans, sa mère l'a mis dans un vol à Manille pour qu'il soit élevé par ses grand-parents en Californie et qu'il ait une chance de vivre «le rêve américain».

Devenu un éminent journaliste, il a fait partie d'une équipe du Washington Post lauréate d'un prix Pulitzer, la plus haute distinction du journalisme aux États-Unis, pour sa couverture de la tuerie de l'université Virginia Tech en 2007.

En 2011, il avait révélé son statut de sans-papiers dans un long article pour le New York Times magazine qui avait eu un fort impact.

Il a raconté son histoire et sa lutte pour la défense des droits de ceux qu'il définit comme les «Américains sans-papiers» dans un documentaire qu'il a écrit et réalisé, «Documented», sorti l'an dernier.

Les États-Unis font actuellement face à un afflux d'immigrés clandestins, principalement des enfants, qui voyagent seuls. Plus de 57 000 d'entre eux sont déjà passés illégalement aux États-Unis depuis octobre, en majorité depuis le Texas, selon des chiffres du gouvernement américain. Ils viennent d'Amérique centrale d'où ils fuient la pauvreté et la violence.

Le réforme de l'immigration voulue par Barack Obama est actuellement au point mort au Congrès et le président américain a dit son intention d'agir par décret.

Il a demandé une aide d'urgence pour pouvoir faire face à la crise de l'arrivée des enfants sans-papiers, qui submerge les infrastructures et la police américaine des frontières.