John McCain n'était pas certain du nombre exact de maisons dont il était propriétaire avec sa femme, héritière d'une grande fortune. «Je pense... Je demanderai à un membre de mon personnel de vous recontacter», avait-il fini par dire au journaliste qui lui posait la question. La bonne réponse? Huit.

Quatre ans plus tard, Mitt Romney avait reconnu recevoir de «temps en temps» des honoraires de conférencier, «mais pas beaucoup». En 2011, ce «pas beaucoup» s'était élevé à 374 000$.

À tort ou à raison, ces commentaires avaient contribué à façonner l'image publique des deux derniers candidats républicains à la présidence. Et les démocrates n'avaient pas manqué de les exploiter, accusant l'un et l'autre d'être déconnectés de la réalité des Américains.

En 2013, c'est au tour d'Hillary Clinton de subir le même traitement. L'ancienne secrétaire d'État américaine n'a certes pas encore confirmé sa candidature à l'élection présidentielle de 2016, mais elle a gaffé deux fois plutôt qu'une en parlant d'argent depuis le début de sa tournée de promotion de ses mémoires, sorte de prélude officieux à une campagne à la Maison-Blanche.

Et l'attention des médias et des critiques ne se limite pas à sa situation financière. Elle se porte également sur celle de son mari, Bill, et de sa fille, Chelsea.

À noter que les critiques ne viennent pas seulement du camp républicain. On y reviendra.

Mais avant, quelques mots sur la deuxième déclaration maladroite d'Hillary Clinton concernant sa situation patrimoniale. Après s'être plainte que son couple était sorti de la Maison-Blanche «non seulement fauché, mais endetté», l'ancienne première dame a laissé entendre au journal britannique The Guardian le week-end dernier qu'elle et son mari n'étaient pas «vraiment aisés».

Elle a prononcé ces mots après que son intervieweur lui eut demandé si sa «vaste fortune personnelle» ne conduirait pas les électeurs à conclure qu'elle «fait partie du problème et non de la solution» à la question des inégalités de revenus.

«Mais ils ne me voient pas comme faisant partie du problème, car nous payons des impôts normaux sur le revenu, contrairement à d'autres personnes qui sont vraiment aisées», a-t-elle dit.

Pas vraiment aisés, les Clinton? Le couple est propriétaire de deux luxueuses maisons dans l'État de New York et à Washington. Hillary a reçu 14 millions de dollars pour son plus récent ouvrage et environ 5 millions à titre de conférencière depuis son départ du département d'État, en janvier 2013.

Bill a encaissé de son côté 105 millions de dollars à titre de conférencier depuis son départ de la Maison-Blanche, dont 1,4 million au cours d'une seule et même semaine en Europe, en mai 2012, selon un article publié la semaine dernière par le Washington Post.

Chelsea Clinton n'est pas à plaindre non plus. Malgré son inexpérience journalistique, elle a signé en 2011 avec NBC News une entente qui lui a valu un salaire annuel de 600 000$ jusqu'à tout récemment pour des reportages occasionnels.

L'exclusivité du journal Politico sur cette entente a incité d'autres médias à ressortir une déclaration de Chelsea publiée dans le numéro de mai de Fast Company. «J'étais curieuse de savoir si je pouvais m'intéresser vraiment à l'argent, et je ne le peux pas», a déclaré la jeune femme de 34 ans en expliquant pourquoi elle a quitté un emploi sur Wall Street pour jouer un rôle plus actif dans la fondation des Clinton.

Mariage à 3,3 millions

Chelsea est peut-être peu intéressée par l'argent, mais elle n'en manque pas, comme plusieurs médias l'ont rappelé la semaine dernière. Son mariage à Marc Mezvinsky, un courtier de Wall Street, a coûté 3,3 millions de dollars en 2010. Le couple a payé 10,3 millions en 2013 pour son appartement à Manhattan.

Et le nouveau contrat de Chelsea avec NBC News lui rapportera 50 000$ par mois, jusqu'à l'annonce éventuelle de la candidature de sa mère à la présidence.

Au moins un autre candidat potentiel à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle de 2016 a semblé prendre note de la controverse autour de l'argent des Clinton.

«Ne m'en tenez pas rigueur, mais je ne possède pas un seul titre en Bourse ou une seule obligation», a déclaré Joe Biden la semaine dernière lors d'un sommet à la Maison-Blanche auquel assistaient des familles de la classe ouvrière. «Je n'ai pas de comptes d'épargne, mais j'ai un bon salaire et une bonne pension.»

Le vice-président exagérait un peu (il a un compte d'épargne et des investissements dans des fonds communs de placement), mais son message était clair.