Les États-Unis ont promis mercredi d'aider militairement l'Irak pour tenter de juguler une offensive d'ultra-islamistes qui a mis en déroute l'armée formée et équipée par Washington, deux ans et demi après son retrait militaire.

Devant l'avancée fulgurante des djihadistes sunnites de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui ont pris au moins deux villes et se rapprochent de Bagdad, Washington a toutefois exclu de renvoyer des soldats en Irak.

Et la diplomatie américaine s'est défendue d'avoir été prise par surprise, affirmant avoir exprimé depuis des mois ses «inquiétudes» à propos de la «menace terroriste» que pose l'EIIL pour toute la région.

En conséquence, Washington «se tient prêt» à venir en aide à Bagdad face à «l'agression» de l'EIIL, a déclaré la porte-parole du département d'État Jennifer Psaki, annonçant «une augmentation de l'assistance» américaine.

Lors d'une conférence à Washington, la conseillère à la sécurité nationale du président Barack Obama, Susan Rice, a promis que les États-Unis feraient «davantage pour renforcer la capacité de (ses) partenaires à vaincre la menace terroriste en leur fournissant formation, équipement et appui nécessaire».

Interrogé sur la nature de cette aide, un diplomate américain a évoqué «davantage d'armements».

L'Irak a de son côté officieusement indiqué aux États-Unis qu'il était ouvert à l'idée de frappes aériennes américaines afin d'enrayer l'offensive djihadiste, a affirmé mercredi à l'AFP un responsable occidental, confirmant une information du Wall Street Journal.

L'administration du président Obama envisage plusieurs options pour aider Bagdad, éventuellement par le biais de frappes effectuées par des drones, selon ce responsable qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat.

A ce stade, Bagdad n'a pas officiellement formulé de requête, a de son côté affirmé un responsable américain de la Défense.

Le Pentagone avait rappelé mardi que l'armée américaine continuait de former les forces irakiennes à des missions antiterroristes, notamment depuis le début de l'année en Jordanie voisine.

Washington a également vendu pour 14 milliards de dollars d'équipements militaires à l'armée irakienne. En janvier, les États-Unis ont vendu 24 hélicoptères d'attaque Apache ainsi que des centaines de missiles antichar Hellfire, et les deux premiers des 36 chasseurs-bombardiers F-16 achetés par l'Irak devraient être livrés «à l'automne».

Le 13 mai, le Pentagone a notifié le Congrès du projet de vente de 200 véhicules Humvees équipés de mitrailleuses pour 101 millions de dollars et de 24 avions à hélice d'attaque au sol AT-6 Texan II pour 790 millions de dollars. Le Congrès a jusqu'au 13 juin pour soulever ses objections, faute de quoi le contrat sera conclu.

Pas de soldats américains renvoyés en Irak 

Mais en aucun cas les États-Unis «n'envisagent» de renvoyer des troupes au sol en Irak, selon Mme Psaki, après le départ le 31 décembre 2011 du dernier soldat américain, au terme d'un très lourd engagement militaire des États-Unis pendant huit ans.

En 2011, Bagdad et Washington n'étaient pas parvenus à s'entendre sur le maintien d'un contingent américain en Irak et beaucoup s'étaient alors alarmés d'une nouvelle poussée des violences une fois les Américains partis.

Washington a par la suite englouti des dizaines de milliards de dollars pour former et équiper les forces armées irakiennes, celles-là mêmes qui ont visiblement fui devant les djihadistes.

Le département d'État s'est cependant abstenu de brocarder l'armée de son allié, comme il s'est défendu d'avoir été pris de court par la vitesse et la puissance de l'offensive de l'EIIL. Le ministère a aussi balayé d'un revers de main tout échec de la politique de l'Occident en Irak depuis plus d'une décennie.

«Cela fait des mois que nous sommes préoccupés par la violence et c'est pour cela que nous avons accru notre soutien», s'est justifiée Mme Psaki.

L'EIIL est en effet aussi fortement implanté en Syrie, où il se bat contre les troupes du président Bachar al-Assad. Il aspire à créer un État islamique entre l'Irak et la Syrie. Ce groupe djihadiste a été exclu du réseau Al-Qaïda, car jugé trop radical. La branche officielle d'Al-Qaïda en Syrie est le Front al-Nosra. Les deux organisations se livrent une guerre fratricide.