Le ministre américain des Anciens combattants, empêtré dans un scandale, a présenté vendredi sa démission, acceptée avec un «regret considérable» par Barack Obama alors que cette crise avait pris un tour toxique pour sa présidence.

M. Obama est intervenu dans la salle de presse de la Maison-Blanche à l'issue d'une entrevue avec le ministre Eric Shinseki, fragilisé depuis des semaines par des révélations sur de graves dysfonctionnements dans des établissements hospitaliers soignant des anciens combattants, en particulier à Phoenix.

Des responsables y sont accusés d'avoir mis en place un système permettant de dissimuler la longueur des listes d'attente, alors que retards de soins auraient coûté la vie à 40 patients.

Des faits «totalement inacceptables» pour M. Obama, qui a estimé vendredi que «nos anciens combattants méritent ce qu'il y a de mieux». «Il y a quelques minutes, M. Shinseki m'a présenté sa démission. C'est avec un regret considérable que je l'ai acceptée», a-t-il expliqué.

Il a toutefois rendu un hommage très appuyé à M. Shinseki, en poste depuis le début de son administration en 2009. Lui-même invalide de guerre, il a «servi son pays de façon honorable pendant près de cinquante ans».

Face aux révélations sur les retards dans les hôpitaux gérés par son administration, M. Shinseki a «travaillé dur pour enquêter et identifier les problèmes», a remarqué M. Obama. «Mais comme il me l'a dit ce matin, le ministère des Anciens combattants a besoin d'une nouvelle direction pour y répondre».

Deuxième démission en deux mois 

Conscient du risque politique de voir son administration accusée de mal traiter les anciens militaires, M. Obama avait dépêché un de ses hommes de confiance, Rob Nabors, pour un audit. Ce dernier, secrétaire général adjoint de la Maison-Blanche, restera aux côtés du numéro deux du ministère, Sloan Gibson, qui assurera l'intérim.

Avant de venir à la Maison-Blanche, M. Shinseki avait donné des indices sur une démission exigée par de plus en plus d'élus, démocrates comme républicains, lors d'une allocution devant des vétérans.

«J'ai dit lorsque la crise a commencé il y a des mois, que je pensais que le problème était limité et isolé» à l'établissement de Phoenix. «Je ne le pense plus. C'est (un problème) systématique. J'ai trop fait confiance à certains» collaborateurs, avait affirmé M. Shinseki, présentant ses excuses.

«Je ne peux pas expliquer le manque d'honnêteté de certains dirigeants de nos établissements de soin. En 38 ans sous l'uniforme, c'est quelque chose que j'ai rarement rencontré», avait ajouté le ministre, en annonçant avoir entamé une procédure de limogeage des dirigeants de l'hôpital de Phoenix.

L'élu républicain Jeff Miller, qui dirige la commission des Anciens combattants à la Chambre, a concédé que M. Shinseki «est un homme honorable dont le dévouement à notre pays est absolument sans reproche». Mais «malheureusement, le mandat de M. Shinseki aux Anciens combattants sera toujours entaché par un manque de responsabilité généralisé vis-à-vis des employés et des cadres ayant mal fait leur travail» dans son administration, selon lui.

«Bonne décision. Maintenant, résolvons les problèmes», a réagi pour sa part le sénateur républicain de l'Arizona Jeff Flake sur son compte Twitter.

C'est la deuxième fois en moins de deux mois qu'un ministre de M. Obama est contraint à la démission après des dysfonctionnements. En avril, la ministre de la Santé publique Kathleen Sebelius avait quitté ses fonctions après le lancement raté du volet central de la réforme de l'assurance-maladie de M. Obama, fin 2013.

Cette démission intervient aussi alors que M. Obama est attendu en France la semaine prochaine pour rendre hommage aux soldats ayant participé au Débarquement de Normandie il y a 70 ans.