Barack Obama a mis en garde mercredi contre la tentation d'interventions militaires «précipitées» à travers le monde, défendant avec énergie sa politique étrangère face à ceux qui l'accusent de manquer de fermeté, de la Syrie à l'Ukraine.

Au lendemain de l'annonce d'un calendrier de retrait d'Afghanistan d'ici fin 2016, le président des États-Unis s'est engagé à augmenter son soutien à l'opposition syrienne, à tenir tête à la Russie sur le dossier ukrainien ou encore à faire preuve de plus de transparence dans l'utilisation des drones.

Mais il a d'abord et surtout expliqué sa vision de la place de l'Amérique dans le monde.

«Il est absolument vrai que, au XXIe siècle, l'isolationnisme américain n'est pas envisageable», a lancé M. Obama lors d'un long discours de politique étrangère à West Point, prestigieuse école de l'armée de Terre située dans l'État de New York.

«Mais affirmer que nous avons intérêt à promouvoir la paix et la liberté au-delà de nos frontières ne veut pas dire que tout problème a une solution militaire», a-t-il ajouté.

«Depuis la Seconde Guerre mondiale, certaines de nos erreurs les plus coûteuses ne sont pas venues de notre retenue mais de notre volonté de nous précipiter dans des aventures militaires sans penser à toutes les conséquences», a estimé M. Obama.

Se disant convaincu que l'Amérique devait «montrer la voie sur la scène internationale», il a souligné que l'armée était, et restera, «l'épine dorsale» de ce leadership.

«Mais une intervention militaire américaine ne peut être la seule composante de notre leadership en toute circonstance», a-t-il aussitôt précisé. «Ce n'est pas parce que nous avons le meilleur marteau que tout problème doit être vu comme un clou», a insisté le président américain.

Le sénateur républicain John McCain a salué les propos du président sur la place «indispensable» des États-Unis dans le monde, mais ironisé sur leur portée limitée. «Le problème est que le président ne traduit pas ces principes en véritables décisions politiques, et le discours d'aujourd'hui ne donne aucune raison de croire que cela va changer».

«Il y a, à travers le monde, le sentiment grandissant que l'Amérique est hésitante, qu'elle n'est pas fiable et qu'elle n'est pas prête à montrer la voie», a-t-il estimé. «Les capacités de notre pays ne sont pas en cause, mais notre détermination et notre capacité de jugement le sont», a-t-il poursuivi, déplorant l'absence de réaction adéquate face à «l'agression russe en Europe, la pression exercée par la Chine envers les alliés et partenaires des États-Unis en Asie», ou encore «la façon dont la guerre en Syrie s'est transformée en un conflit à caractère religieux».

«Pas de réponse facile» 

Justifiant son approche sur le conflit syrien, qui a fait plus de 160 000 morts, M. Obama a noté que, «aussi frustrant que ce soit», il n'existait «pas de réponse facile, pas de solution militaire» qui puissent éliminer les souffrances du peuple syrien dans un avenir proche.

«En tant que président, j'ai pris la décision de ne pas envoyer de troupes américaines au milieu de cette guerre civile, et je pense que c'était la bonne décision», a-t-il expliqué. «Mais cela ne signifie pas qu'on ne doit pas aider le peuple syrien à lutter contre un dictateur qui bombarde et affame son peuple», a-t-il ajouté, promettant d'accroître le soutien américain à ceux qui, dans l'opposition, «offrent la meilleure alternative aux terroristes et à un dictateur brutal».

Officiellement, le soutien américain aux rebelles syriens se cantonne depuis le début du conflit à une aide non létale pour un montant de 287 millions de dollars.

Lors de son discours, M. Obama a par ailleurs proposé la création d'un fonds de 5 milliards de dollars pour lutter contre le terrorisme qui donnerait aux États-Unis «la flexibilité nécessaire» pour remplir différentes missions.

Il a notamment cité l'entraînement des forces de sécurité au Yémen qui sont passées à l'offensive contre Al-Qaïda, le soutien à une force multinationale pour maintenir la paix en Somalie, ou encore l'aide aux opérations (militaires) françaises au Mali».

Mettant en avant sa volonté de tourner la page de plus d'une décennie pendant laquelle la politique étrangère a été centrée sur les guerres en Afghanistan et en Irak, M. Obama a annoncé mardi le maintien de 9800 militaires américains en Afghanistan au-delà de la fin 2014 avant un retrait complet deux ans plus tard.