Depuis le début du mois de mai, Hillary Clinton a parlé de sa foi méthodiste au Kentucky, défendu son bilan de secrétaire d'État en Arizona et évoqué sa vision économique à Washington, entre autres discours et déplacements incessants.

Le mois prochain, elle poursuivra ses pérégrinations pour promouvoir son nouveau livre, Hard Choices, qui porte sur ses quatre années à la tête de la diplomatie américaine. «Un livre léger, parfait pour la plage, j'en suis sûre», a-t-elle dit à la blague, la semaine dernière.

Une personne lorgnant la Maison-Blanche n'agirait pas autrement. Et si Hillary Clinton n'annoncera pas avant plusieurs mois sa décision sur une éventuelle candidature à la présidence des États-Unis, les républicains n'ont pas l'intention d'attendre pour lancer les hostilités. Ils ont ainsi décuplé leurs attaques contre elle au cours des derniers jours, cherchant à l'affaiblir avant même qu'elle ne se mette officiellement en piste.

Karl Rove, ex-éminence grise de George W. Bush, a notamment retenu l'attention la semaine dernière en insinuant que la commotion cérébrale dont Hillary Clinton a été victime à la fin de 2012 a peut-être laissé des séquelles.

«Trente jours à l'hôpital», s'est-il interrogé devant un auditoire californien. «Et quand elle revient, elle porte des lunettes qui sont seulement pour les personnes qui ont eu un traumatisme crânien? Il faut savoir ce qui s'est passé.»

Indigné, l'entourage d'Hillary Clinton a vite corrigé Karl Rove, en précisant que l'ex-secrétaire d'État avait été hospitalisée pour un total de trois jours et que ses lunettes n'avaient rien à voir avec un traumatisme crânien. Mais le stratège républicain a atteint son objectif: braquer l'attention des médias et du public sur la santé de la candidate favorite des démocrates pour 2016 et, par le fait même, sur son âge.

L'âge, un problème?

Hillary Clinton aura 69 ans le 26 octobre 2016. Si elle était élue, elle serait au deuxième rang des personnes les plus âgées à occuper la présidence américaine, après Ronald Reagan en 1980.

«Elle aura 77 ans si elle fait deux mandats», a ajouté Karl Rove sur Fox News. «Au bout du compte, ça devient un problème.»

Mais l'âge d'Hillary Clinton n'est pas la seule vulnérabilité à laquelle s'attaquent les républicains. Son bilan comme chef de la diplomatie américaine fait également l'objet de leurs critiques. Ainsi, tout jeune et inexpérimenté soit-il, le sénateur de Floride Marco Rubio, candidat potentiel à la présidence en 2016, ne s'est pas gêné pour lui donner la note F - la plus basse - en matière de politique étrangère.

«Elle va devoir rendre des comptes sur ses échecs, que ce soit l'échec de la remise à zéro avec la Russie ou le désastre de Benghazi», a-t-il dit.

«Est-ce que notre pays peut avoir un commandant en chef qui n'a pas fourni la sécurité appropriée en Libye?», a demandé de son côté le sénateur du Kentucky Rand Paul, autre candidat probable à la présidence en 2016. «Mon opinion est qu'Hillary Clinton s'est elle-même disqualifiée.»

Quatre Américains, dont l'ambassadeur en Libye Christopher Stevens, ont été tués le 11 septembre 2012 lors de l'assaut contre la mission diplomatique américaine de Benghazi.

L'appui de Bill Clinton

Devant les attaques républicaines, Hillary Clinton peut compter sur l'appui de son mari, qui est monté au créneau la semaine dernière, notamment au sujet de l'affaire de Benghazi.

«À mon avis, elle a fait ce qu'elle devait faire», a déclaré Bill Clinton en faisant allusion à la décision de sa femme de créer une commission pour cibler des moyens de prévenir d'autres attaques semblables. «Les secrétaires d'État n'ont jamais été mêlés directement à ces décisions sur la sécurité [des missions diplomatiques]», a-t-il ajouté.

L'ancien président a adopté un ton plus sarcastique pour répondre aux insinuations de Karl Rove sur la santé de sa femme.

«D'abord, [les républicains] ont dit qu'elle avait feint sa commotion cérébrale. Maintenant, ils disent qu'elle auditionne pour un rôle dans The Walking Dead», a-t-il déclaré en faisant allusion à la série télévisée où pullulent les morts-vivants.

«Elle fait du sport tous les jours, elle est forte, elle va très bien», a-t-il ajouté lors d'une discussion publique à Washington. «Je trouve qu'elle est en meilleure forme que moi.»

Chose certaine, Hillary Clinton ne manque pas beaucoup d'occasions ces jours-ci de marquer des points politiques. Elle s'est ainsi assurée de faire paraître sur le site web du magazine Vogue, le jour de la fête des Mères, un extrait de son nouveau livre où elle partage une des leçons de sa mère Dorothy, morte en 2011 à l'âge de... 92 ans.

«Ne te repose jamais sur tes lauriers. Ne renonce jamais. N'arrête jamais de travailler à la création d'un monde meilleur. C'est notre tâche inachevée.»