Le mariage gai a franchi la «ceinture biblique» (Bible belt) dans le sud des États-Unis samedi, alors que le comté de Carroll dans l'État de l'Arkansas a délivré des certificats de mariage à 15 couples de même sexe.

La veille, le juge Chris Piazza avait déclaré l'inconstitutionnalité d'un amendement, approuvé par les électeurs de l'Arkansas en 2004, affirmant qu'il ne reposait sur aucune base rationnelle et qu'il réduisait la définition de l'égalité.

La décision de M. Piazza a également renversé une loi d'État de 1997 qui interdisait le mariage gai. Mais comme le juge n'a pas suspendu cet interdit, les 75 greffiers locaux pouvaient décider eux-mêmes s'ils délivraient ou pas un certificat. Si la décision du juge est confirmée, l'Arkansas rejoindrait les 17 États américains et la ville de Washington, où le mariage gai est légal.

La plupart des tribunaux de l'Arkansas sont fermés le samedi, mais celui d'Eureka Springs a été ouvert pour délivrer des certificats de mariage. Kristin Seaton et Jennifer Rambo, de Fort Smith, ont roulé la nuit jusqu'à Eureka Springs.

Arrivées à 2 h du matin, elles ont dormi dans leur voiture en se réveillant toutes les demi-heures pour être certaines qu'elles seraient les premières à obtenir leur certificat de mariage dans un des états sécessionnistes du sud, qui appartenaient à l'ancienne confédération durant la guerre civile de 1861-1865.

Les opinions homophobes sont fortes dans les régions connues sous le surnom de «Bible belt», en raison du grand nombre d'évangéliques socialement conservateurs qui y vivent.

«Dieu merci», s'est exclamée Mme Rambo en recevant son permis de mariage.

Mmes Rambo et Seaton se sont mariées quelques minutes plus tard sur un trottoir près du palais de justice du comté. Le célébrant portait une robe aux couleurs de l'arc-en-ciel, les couleurs du drapeau de la fierté gaie.

Il n'était pas possible de savoir si d'autres comtés de l'Arkansas avaient accordé des permis, samedi. Plusieurs étaient ouverts pour le vote par anticipation en vue de l'élection primaire du 20 mai, mais des responsables ont affirmé qu'ils n'étaient pas préparés pour délivrer des certificats de mariage.

L'absence de suspension de la décision par le juge a créé de la confusion parmi les greffiers de comtés, a affirmé le directeur de l'association des greffiers de l'Arkansas, Chris Villines.

«La cour ne nous a pas donné le temps de nous préparer», a-t-il fait valoir.

Le procureur général de l'État a affirmé qu'il en appellerait de cette décision et a demandé au juge Piazza d'ordonner un délai pour la reconnaissance du mariage gai en attendant un jugement à venir de la Cour suprême de l'Arkansas.

Samedi à la mi-journée, aucun appel de la décision de la cour n'avait été déposé.