Cliven Bundy, 67 ans, chapeau de cowboy sur la tête, a sa carte du parti républicain. Récemment devenu une icône de la droite dure pro-armes opposée à l'État fédéral, cet éleveur est au coeur d'une vive polémique après des propos racistes.

Le fermier possède du bétail dans son ranch du Nevada, dans l'Ouest américain, sur des terres appartenant à l'État fédéral. Mais depuis deux décennies, il refuse de payer au Bureau de la gestion des terres les frais de pâturage pour ses bêtes, comme le font les autres éleveurs du pays.

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Après des années de batailles judiciaires, des officiers fédéraux se sont rendus ce mois-ci sur son ranch, pour réclamer leur dû. C'est alors qu'un groupe d'hommes armés a surgi pour venir en aide à Bundy, contraignant les autorités à se retirer.

Depuis, le fermier n'a cessé de mettre en avant sa victoire face à l'État fédéral, multipliant les conférences de presse et s'attirant de plus en plus de soutiens de la part des militants de la droite dure pro-armes, opposée à l'intervention du gouvernement fédéral dans leur vie quotidienne.

Sauf qu'en quelques phrases jeudi, celui qui était devenu une icône pour une partie de l'Amérique, a perdu une grande partie de sa crédibilitée et placé les élus qui l'avaient soutenu dans une position pour le moins inconfortable.

«Je veux ajouter encore une chose sur les nègres», a-t-il ainsi lancé.

«Ils avortent leurs jeunes enfants, ils mettent en prison leurs hommes, parce qu'ils n'ont jamais appris à ramasser du coton. Et je me suis souvent demandé: n'étaient-ils pas mieux avant comme esclaves, à ramasser du coton, avec une vie de famille et faisant plein de choses? Ou sont-ils mieux maintenant à vivre avec les subventions du gouvernement? Ils n'ont pas obtenu plus de liberté. Ils sont moins libres».

«Déclarations révoltantes» 

Ces déclarations ont entraîné une salve de réactions de la part d'élus républicains souhaitant se désolidariser du «rancher», à quelques mois des élections de mi-mandat en novembre.

«Ses remarques sont offensantes et je suis profondément en désaccord avec lui», a assuré Rand Paul, sénateur du Kentucky, vu comme un possible candidat pour la course à la Maison-Blanche en 2016.

Le sénateur du Nevada lui-même, Dean Heller, qui avait qualifié la semaine dernière de «patriotes» les partisans armés de Bundy, a publié un communiqué pour dire qu'il était «en complet désaccord avec les déclarations révoltantes et racistes de M. Bundy».

Le présentateur satirique Jon Stewart, qui avait déjà moqué Bundy et sa milice en évoquant un «Apocalypse Cow», est revenu à la charge, ironisant sur ce fermier qui ne reconnaît pas l'État fédéral tout en arborant fièrement le drapeau américain.

Interrogé vendredi matin sur CNN, Bundy a vaguement tenté de s'excuser pour ses propos sur les noirs. «Non je ne suis pas raciste. Mais je me suis souvent demandé si je l'étais», a-t-il affirmé, partant ensuite dans des phrases alambiquées sur Martin Luther King et Rosa Parks, figures emblématiques de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis.

«Peut-être que je dois demander pardon (...). Je n'ai pas dit ça pour les offenser», a-t-il ajouté.

Sur la polémique l'opposant aux agents de l'État fédéral, Cliven Bundy, n'a, par contre, pas la moindre intention de bouger d'un iota.

«Il s'agit ici d'un État souverain. Ils (les agents fédéraux) n'ont pas autorité. Ils n'ont pas de pouvoir de maintien de l'ordre et je ne vais pas céder. J'irai jusqu'à la Cour suprême s'il le faut».

Sollicité par l'AFP, Celia Boddington, du Bureau de la gestion des terres, a indiqué que l'agence «examinait d'autres options, administratives et judiciaires» pour tenter de faire avancer le dossier.