L'espoir se mourait à Oso, mardi soir, trois jours après la destruction quasi totale de la petite collectivité rurale de l'État de Washington par une monstrueuse coulée de boue.

Au total, 24 dépouilles avaient été repérées et plus de 170 personnes manquaient toujours à l'appel à 21h30, heure de Montréal.

Les recherches, dont la lenteur est vivement critiquée dans la communauté, auront donc permis d'extirper 10 nouveaux corps du champ de boue qu'est devenu Oso.

«Ç'a été une journée très difficile», a déclaré Travis Hots, l'un des responsables de l'opération de sauvetage. Il a expliqué que la pluie et l'ampleur de la dévastation ont considérablement compliqué les recherches.

«Il y a 200 personnes qui travaillent sur le site pour retrouver des victimes et - si possible, car c'est la priorité - retrouver des gens vivants, a-t-il ajouté. Tout le monde travaille frénétiquement pour déplacer des débris. Les conditions sont inimaginables.»

La liste des personnes portées disparues demeure fluctuante, selon les autorités, notamment parce que certaines collectivités environnantes viennent de retrouver l'électricité et signalent des disparitions.

Cauchemar au réveil

Au nombre des disparus, la fille de Dan, qui n'a pas fourni son nom de famille. L'homme se faisait du mauvais sang, samedi soir, après avoir reçu des informations sur la catastrophe qui se déroulait dans la collectivité où elle vivait. Pas pour longtemps.

Selon ce qu'il a relaté à une radio locale, la Croix-Rouge l'a rapidement appelé pour l'aviser que sa fille était saine et sauve.

C'est le lendemain matin que son cauchemar a commencé. «Ils m'ont dit que le nom de ma fille n'était pas sur la bonne liste. Qu'elle manquait toujours à l'appel», a-t-il raconté, au bord des larmes.

L'homme ne croit plus pouvoir revoir sa fille vivante, d'autant plus que le corps du conjoint de celle-ci a été extirpé des décombres.

La lenteur des recherches - les autorités craignent une seconde coulée de boue - le fait quand même grincer les dents. Il en veut aux secouristes, qui «ont accepté un chèque de paie pendant des années» au cas ou une telle catastrophe se produirait et qui «refusent maintenant de faire ce qu'il faut».

Une maison sur la route

Sur place, peu de signes de vie chez les voisins du village rayé de la carte. Oso était niché au creux d'une vallée forestière située au nord de Seattle, où certains irréductibles avaient pris sur eux de dégager un champ à travers les gigantesques arbres de l'Ouest américain.

Des parcs à ferraille, quelques scieries et quelques fermes. La route 530 entre Arlington et Derrington reliait Oso au monde extérieur. Elle est maintenant coupée en deux.

«Il y a une grosse urgence ici. Il y a une maison qui a été poussée sur la 530 et une gigantesque coulée de boue couvre la route», peut-on entendre dans l'enregistrement d'un appel au 911 effectué le soir du drame. Ils ont été rendus publics mardi en milieu de journée, comme c'est la norme aux États-Unis.

«Mon Dieu, nous avons besoin de toutes les personnes que vous pourrez envoyer!», s'écrie une autre voix anonyme.

Tout près de la barrière érigée par les autorités à un kilomètre de la zone sinistrée, une vieille chapelle blanche passerait pour désaffectée si une enseigne n'y annonçait pas un office pour ce soir. «Je ne connaissais qu'une personne qui manque à l'appel. C'est la vie, j'imagine qu'il faut continuer», a dit un voisin. Il sera à l'office.

Comme en écho, les rares commerces sur la route 530 affichaient leur foi. Pray for the Victims et God Bless the First Responders, pouvait-on lire sur la route en croisant des pelles mécaniques et des camions de pompiers revenant de la zone sinistrée.