La comparaison était de nature à retenir l'attention des gens rassemblés mardi après-midi dans la salle d'audience de la commission du Transport de la Chambre des représentants, où se trouvaient la mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy-Laroche, et les autres membres de sa mission à Washington.

«La catastrophe ferroviaire a laissé les gens de Lac-Mégantic devant une situation qui, en réalité, est semblable à la reconstruction après le 11 septembre 2001», a déclaré Suzanne Devane, conseillère auprès d'une coalition de maires américains pour la sécurité ferroviaire. «La seule différence, c'est que la tragédie de Lac-Mégantic n'a pas été causée par le terrorisme, mais par le transport ferroviaire normal.»

«C'est quelque chose que j'aurai en tête jusqu'au jour où je mourrai», a ajouté cette femme de Chicago en évoquant le souvenir que lui a laissé sa visite du centre-ville dévasté de Lac-Mégantic, en décembre.

Le hic, c'est que les personnes visées par ce message émouvant n'étaient pas au rendez-vous dans la salle d'audience. Au deuxième et dernier jour de leur mission dans la capitale nationale des États-Unis, Colette Roy-Laroche et son groupe devaient rencontrer des élus de la Chambre des représentants pour témoigner de la tragédie de Lac-Mégantic et les mobiliser en faveur d'un durcissement de la réglementation américaine sur le transport du pétrole brut par train.

Or, à peine une demi-douzaine de représentants ont cru bon d'envoyer des membres de leur personnel, des jeunes pour la plupart, pour entendre le témoignage des membres de la mission canado-américaine composée de maires du Québec, du Nouveau-Brunswick et de l'Illinois.

Déception

«Je me suis posé la question à savoir pourquoi aucun membre de la Chambre des représentants n'était présent, a confié Colette Roy-Laroche après la rencontre. La réponse que j'ai eue est que les gens qui sont venus étaient importants et en position de faire avancer le dossier.»

Quand La Presse lui a demandé si elle était déçue par l'absence d'élus du Congrès à cette rencontre, elle a répondu: «Oui.»

Mais la mairesse de Lac-Mégantic s'est toute même dite satisfaite de sa mission à Washington. La veille, elle avait pu passer son message aux plus hauts responsables du département américain des Transports, dont le secrétaire Anthony Foxx, ancien maire de Charlotte, en Caroline-du-Nord.

«Il est vraiment urgent, avant qu'une autre catastrophe ne se produise, que l'on fasse une révision en profondeur de la réglementation et que l'on soit en mesure de l'appliquer le plus rapidement possible», a déclaré Colette Roy-Laroche mardi matin, lors d'une conférence de presse à l'ambassade du Canada à Washington.

Pas pour demain

Aux États-Unis, cette révision de la réglementation relève du département des Transports, et non du Congrès. Selon la mairesse de Lac-Mégantic, les responsables de cette agence fédérale comprennent la nécessité d'agir le plus rapidement possible en matière de sécurité ferroviaire. Mais les règles auxquelles ils sont eux-mêmes assujettis font en sorte que les changements n'interviendront pas demain ou même après-demain.

Un exemple: l'agence de sécurité des oléoducs et des matériaux dangereux (PHMSA) ne présentera pas avant novembre prochain sa proposition de normes plus sévères pour la construction des nouveaux wagons-citernes de catégorie 111. Et les normes finales ne seront pas adoptées et mises en place avant janvier 2015.

Entre-temps, les wagons DOT-111, dont la faiblesse structurelle a contribué à la tragédie de Lac-Mégantic, continueront à transporter du pétrole brut, y compris celui de la région du gisement de schiste de Bakken, dans le nord des États-Unis, qui est plus volatil que le pétrole brut traditionnel.

Ce pétrole peut se mettre à bouillir à 29,4 °C dans les wagons-citernes, selon la PHMSA.

«À l'approche de l'été, cette question de température devient une source d'inquiétude croissante», a déclaré Karen Darch, mairesse de Barrington (Illinois), lors de la conférence de presse à l'ambassade canadienne.