Le Sénat américain a adopté lundi à l'unanimité un texte visant à lutter contre les agressions sexuelles chez les militaires, une semaine après avoir rejeté une réforme bien plus ambitieuse sur ce problème endémique dans l'armée.

Le texte a été adopté à 97 voix contre zéro, un moment extrêmement rare d'entente bipartisane dans cette assemblée qui ne cesse ces derniers mois de s'illustrer par un immobilisme alimenté par de fortes tensions entre républicains et démocrates.

Le «Victims Protection Act», rédigé par une ancienne procureur spécialisée dans les affaires d'agressions sexuelles, la sénatrice Claire McCaskill, vise à limiter le pouvoir de la hiérarchie militaire à ne pas respecter le verdict d'un jury, assurer le droit des victimes à consulter un avocat indépendant de l'armée et rend passible de poursuite toute tentative de vengeance contre des victimes ayant dénoncé les agressions.

Le texte, qui doit maintenant être validé par la Chambre des représentants pour pouvoir devenir une loi, devrait «permettre que toutes victimes de violences sexuelles commises au sein de l'armée soient traitées avec dignité et responsabilité», a affirmé la sénatrice républicaine Kelly Ayotte.

Si une telle loi est adoptée, un militaire ne pourra plus faire valoir devant une cour martiale son bilan professionnel pour plaider sa cause. «Même un bon professionnel peut être un prédateur sexuel», a ainsi estimé le sénateur Carl Levin, un démocrate membre de la puissante commission des services armés au Sénat.

Ce texte présente néanmoins des solutions beaucoup moins révolutionnaires que la dernière réforme rejetée la semaine dernière par les sénateurs américains. Le texte, porté par la sénatrice démocrate Kirsten Gillibrand, prévoyait que les auteurs de crimes sexuels soient traduits devant la justice civile et non plus militaire. A l'heure actuelle, seule l'armée a le pouvoir de juger les militaires en cas d'agression sexuelle.

Le Pentagone est confronté à une recrudescence d'agressions sexuelles dans les rangs de l'armée. Environ 5.400 cas ont été recensés en 2013, un bond de 60% par rapport à l'année précédente.

La semaine dernière, un officier américain, responsable de tous les procureurs militaires chargés de poursuivre les auteurs d'agressions sexuelles, a été suspendu pour une implication supposée dans une affaire d'attouchements sexuels sur une de ses subordonnées.