Les États-Unis ont dénoncé l'usage croissant en 2013 de la force pour réprimer les manifestations démocratiques à travers le monde et insisté sur la nécessité de poursuivre les responsables de tels abus.

L'année 2013 a été «une année parmi les plus importantes de l'histoire moderne dans la lutte pour davantage de droits et de libertés», a relevé le secrétaire d'État John Kerry en présentant le rapport annuel du département d'État sur les droits de l'homme dans le monde.

Dénonçant les lois réprimant les droits des homosexuels dans presque 80 pays, les centaines de victimes d'une attaque chimique en Syrie ou encore les centaines de travailleurs tués dans l'effondrement d'un immeuble au Bangladesh, le chef de la diplomatie américaine a appelé à «mettre fin à l'impunité».

Les États-Unis, a-t-il poursuivi, défendent les droits de l'homme pour construire un monde «où l'on peut manifester pacifiquement dans la rue sans risquer d'être passé à tabac dans une impasse ou même tué à la vue de tous».

«Des gouvernements autoritaires à travers le monde ont utilisé les forces de sécurité pour asseoir leur pouvoir et éliminer la dissidence, au risque de compromettre sur le long terme la stabilité, la sécurité et le développement économique de leur pays», critique le département d'État dans son rapport.

Depuis le Soudan jusqu'à la place de l'Indépendance à Kiev en Ukraine, en passant par la Syrie ou les régions isolées de la Birmanie, les forces de l'ordre doivent rendre des comptes sur les abus qu'elles ont pu commettre, si les pays veulent assurer leur transition vers la démocratie, martèle le texte: «Le fait de rendre des comptes est crucial pour la stabilité politique et économique» des pays.

La Russie pointée du doigt

«Plus de 60 ans après la Déclaration universelle des droits de l'homme, l'écart entre les droits conférés par la loi et la réalité quotidienne de beaucoup se creuse dans le monde», s'inquiète la diplomatie américaine, précisant que plus d'un tiers de la population mondiale vit dans un régime autoritaire.

Le rapport épingle également les cas de répression de la société civile dans les démocraties issues du Printemps arabe.

L'Égypte est notamment critiquée pour «le renversement d'un gouvernement civil élu et l'usage excessif des forces de sécurité, y compris pour commettre des meurtres et tortures». Si la Libye a progressé dans le respect des droits de l'homme, «le gouvernement intérimaire a échoué (...) à exercer un contrôle strict des forces de sécurité et à désarmer les milices responsables» d'exactions, regrettent les Américains.

Washington s'inquiète aussi de la situation au Soudan, où les droits de l'homme sont violés et par les autorités et par les rebelles. «Les forces gouvernementales mènent parfois des bombardements importants, aveugles et fréquents», notamment dans la région du Kordofan-Sud.

Des gouvernements, dénonce aussi le rapport, «utilisent la loi pour réduire au silence la société civile». En Équateur, un décret présidentiel a mis au pas les organisations non gouvernementales tout comme en Éthiopie où les associations financées à plus de 10% par des fonds étrangers sont désormais interdites. Même chose en Russie, où sous couvert de lois contre des «agents étrangers» ou contre «l'extrémisme», des médias indépendants, des opposants politiques, des groupes religieux ou encore les homosexuels sont poursuivis.

Des pays, salue le rapport, se sont néanmoins illustrés dans «la poursuite courageuse et déterminée de la défense de la dignité humaine». En 2013, «les Ukrainiens ont bravé la violence et la répression politique pour exiger leurs droits et leurs libertés». Des Libyens «ont risqué leur vie (...) pour remplacer la loi de la rue par l'état de droit». Et enfin, «le monde s'est rassemblé pour honorer le départ de Nelson Mandela, l'une des icônes des droits de l'homme».