Barack Obama a lancé mardi une ferme mise en garde aux entreprises qui feraient affaire avec l'Iran tant qu'un accord nucléaire définitif n'aura pas été trouvé, après une récente visite de firmes françaises à Téhéran.

M. Obama, qui recevait son homologue français François Hollande en visite d'État à la Maison-Blanche, a prévenu que les entreprises étrangères qui prospectaient en Iran le faisaient à «leurs risques et périls».

Fin novembre à Genève, l'Iran a conclu avec le groupe 5+1 (Chine, État-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) un premier accord de six mois sur un gel de certaines activités nucléaires en échange d'une levée partielle des sanctions qui étranglent son économie.

«Nous avons été particulièrement fermes sur le fait que pendant la durée de cet accord intérimaire, nous allions appliquer toutes les sanctions applicables (...) nous avons dit clairement aux Iraniens que nous ne relâcherions pas la pression», a expliqué le président Obama.

«Le président Hollande est du même avis», a ajouté le dirigeant américain, à l'issue de deux heures de discussions en tête-à-tête dans le Bureau ovale.

«Des entreprises peuvent toujours prospecter sur les chances à plus ou moins long terme de s'installer en Iran et sur l'échéance d'un accord» international sur le nucléaire iranien, a expliqué Barack Obama. «Mais je peux vous dire qu'elles le font, pour l'heure, à leurs risques et périls. Parce que nous allons leur tomber dessus», a-t-il juré.

Une délégation de 116 représentants d'entreprises françaises menée par le Medef International s'est rendue à Téhéran début février.

Mis sur la défensive, le président Hollande a acquiescé aux déclarations de son homologue, mais précisé que le «président de la République n'était pas le président de l'organisation patronale» française.

Le Congrès inquiet

«Par conséquent, les entreprises se déplacent librement mais je leur ai fait savoir que le régime des sanctions demeurait en Iran (et que) ces contacts ne pouvaient pas déboucher aujourd'hui sur des accords commerciaux», a ajouté le dirigeant français.

«Quant aux sanctions», a-t-il précisé, «elles ne pourront être levées que s'il y a un accord définitif. Dans la période de l'accord intérimaire, ces sanctions pour l'essentiel demeureront».

Ces négociations, qui reprennent le 18 février, visent un accord global garantissant à la communauté internationale la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien.

La délégation d'entreprises françaises, parmi lesquelles se trouvaient le constructeur automobile Peugeot, le pétrolier Total ou encore le cimentier Lafarge, est la première délégation européenne de cette importance à s'être rendue en Iran depuis la signature des accords de Genève fin novembre.

Dès début février, le secrétaire d'État John Kerry avait fait part de son inquiétude à son homologue français Laurent Fabius, selon une responsable du département d'État.

«Téhéran n'est pas ouvert aux affaires car la suspension de nos sanctions est assez temporaire, limitée et ciblée», a déclaré Wendy Sherman, numéro trois du département d'État, lors d'une audition au Sénat américain.

Les élus américains, dont nombreux sont déjà sceptiques vis-à-vis des intentions de Téhéran, au point d'exiger de nouvelles sanctions contre l'avis de M. Obama, se sont alarmés de l'arrivée de délégations d'entreprises étrangères en Iran depuis la mise en place, le 20 janvier, de l'accord intérimaire de Genève.

«Le secrétaire Kerry a parlé directement au ministre des Affaires étrangères Fabius sur la délégation commerciale, qui était une délégation privée d'entreprises et non gouvernementale, et il lui a dit que cela n'aidait pas les choses, et qu'il ne s'agissait pas de business as usual», avait expliqué Mme Sherman.

«À la plupart de ces délégations - et nous leur parlons à toutes -, nous leur disons quelles sont les limites de ce qu'elles peuvent faire et leur expliquons que nous les sanctionnerons. Peu importe que ce soit des pays amis ou pas, s'ils enfreignent nos sanctions, nous les identifierons, et nous les sanctionnerons tous. C'est le message que nous avons envoyé», avait-elle prévenu.