Des élus américains s'en sont vivement pris mercredi au Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, accusé d'alimenter la vague d'attentats suicide par la lenteur de la réconciliation confessionnelle entre chiites et sunnites et en raison de ses liens avec l'Iran.

Des élus de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants ont auditionné le diplomate du département d'État chargé de l'Irak, Brett McGurk, pour débattre de la menace que posent Al-Qaïda et des groupes sunnites extrémistes, tel que l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL).

L'Irak est plongé depuis début 2013 dans une spirale de violences, qui a fait plus de 1000 morts pour le seul mois de janvier, sur fond de mécontentement de la minorité sunnite face à la majorité chiite et d'insurgés enhardis par le conflit en Syrie voisine.

Mercredi, une nouvelle série d'attentats, dont trois aux abords de la Zone verte à Bagdad, ont fait 33 morts et des dizaines de blessés.

Relevant qu'Al-Qaïda perpétrait 40 attaques par mois, le président de la commission Ed Royce a montré du doigt le chef du gouvernement irakien. «Comme chef d'État, et bien qu'il ne soit pas à la hauteur, Maliki doit agir pour conduire l'Irak vers une ère post-confessionnelle».

Le représentant américain a souligné que les groupes extrémistes armés sunnites profitaient du sentiment d'«aliénation» de la minorité sunnite irakienne face à un gouvernement dominé par les chiites et qui entretient des relations étroites avec l'Iran voisin.

«Al-Qaïda a réussi à exploiter avec talent la fracture confessionnelle et l'emprise du pouvoir par Maliki leur a fourni des munitions», a dénoncé M. Royce.

Pour aider Bagdad dans sa lutte contre les insurgés, Washington s'est engagé à accélérer ses livraisons de missiles Hellfire et de drones de surveillance. Le Pentagone est prêt à vendre plus de missiles et 24 hélicoptères d'attaque Apache.

Mais l'élu républicain Dana Rohrabacher s'est demandé «pourquoi nous devrions nous sentir obligés de nous engager au milieu d'une bataille entre des gens qui s'assassinent», plus deux ans après le retrait militaire complet américain d'Irak.

«Des milliers de personnes perdent la vie dans cette folie. Pourquoi les États-Unis pensent-ils qu'ils doivent y prendre part?», a martelé le représentant.

M. McGurk a reconnu que «le phénomène des attentats suicide était une folie complète», mais il a défendu l'engagement américain dans la région. «En Irak, que cela vous plaise ou non, le pétrole, Al-Qaïda, l'Iran et les intérêts vitaux des États-Unis sont en jeu», a-t-il répondu.