Les républicains de la Chambre des représentants américaine, longtemps réticents sur le sujet de l'immigration, ouvriront jeudi un débat interne sur les principes d'une réforme qui pourrait conduire à des régularisations massives, a annoncé le président de la Chambre mardi.

Les républicains de la Chambre des représentants américaine, longtemps réticents sur le sujet de l'immigration, ouvriront jeudi un débat interne sur les principes d'une réforme qui pourrait conduire à des régularisations massives, a annoncé le président de la Chambre mardi.

«Nous partons en séminaire mercredi. Et jeudi, nous aurons une discussion sur la réforme de l'immigration», a déclaré John Boehner lors d'une conférence de presse. «Nous présenterons nos critères, nos principes pour une réforme de l'immigration et nous aurons une conversation avec nos membres».

«Et une fois que cette conversation sera terminée, nous aurons une meilleure idée de ce que nos élus ont en tête», a-t-il ajouté, prudent et sans préciser quels seraient ces principes.

Les 232 républicains de la Chambre, parmi lesquels plusieurs dizaines de conservateurs liés au Tea Party, se retrouvent de mercredi à vendredi pour leur séminaire annuel, tenu cette année à Cambridge, dans le Maryland, à deux heures de Washington.

L'ouverture du débat ne garantit pas l'adoption d'une réforme, mais elle marque la volonté des chefs de file du parti de mettre fin à l'impasse sur un dossier bloqué depuis des années, avec la présidentielle de 2016 en vue.

Mais «l'ampleur de l'inflexion reste à voir», souligne Doris Meissner, experte des États-Unis au Migration Policy Institute de Washington.

«L'opposition du Tea Party et des autres conservateurs au sein du parti républicain n'a pas beaucoup évolué», dit-elle à l'AFP. «Certains stratèges politiques estiment même que ce n'est pas dans l'intérêt des républicains de résoudre le problème de l'immigration avant les élections législatives de novembre 2014, car de nombreuses circonscriptions sont hostiles à toute réforme».

Le Sénat, l'autre chambre du Congrès dominée par les démocrates, a adopté en juin dernier un projet de réforme très ambitieux, qui prévoit la régularisation sous conditions de la plupart des quelque 11 millions de sans-papiers du pays, et leur naturalisation au bout d'une période transitoire d'au moins 13 ans.

Les projets de réforme étaient ensuite restés lettre morte du côté de la Chambre. Les deux chambres doivent adopter une loi identique.

Selon le New York Times mardi, la «déclaration de principes» que pourraient présenter les chefs du parti à leur groupe inclurait la régularisation de sans-papiers, mais pas leur naturalisation. Une exception serait faite pour les étrangers qui seraient arrivés jeunes sur le territoire américain, les «Dreamers».

Ces derniers peuvent obtenir une régularisation temporaire de leur situation depuis un décret du président Barack Obama d'août 2012, mais ce statut limité ne leur permet pas d'accéder à la naturalisation, et ne satisfait ni les démocrates, ni les associations de défense des sans-papiers.

Doris Meissner rappelle que dans le passé, des régularisations sans naturalisation avaient été votées par le Congrès, notamment pour des réfugiés cubains et haïtiens dans les années 1970 et 1980. Des lois ultérieures avaient toutefois ouvert la voie à leur naturalisation.

Depuis leur défaite à la présidentielle de 2012, les républicains tentent de conquérir l'électorat hispanique, aujourd'hui largement acquis aux démocrates. Mais la frange la plus conservatrice du parti est très hostile aux régularisations de sans-papiers, considérés comme des délinquants.