Les États-Unis auront épuisé leur capacité légale d'emprunt dans un mois, mais les républicains du Congrès réclament des contreparties à l'augmentation du plafond de la dette, tout en jurant que le pays ne frôlera pas la catastrophe comme en octobre.

«Plus jamais ça», avaient promis démocrates et républicains à l'issue de la crise d'octobre dernier, quand les Etats-Unis étaient passés au bord du défaut de paiement.

Aux États-Unis, c'est la loi: le Congrès fixe le niveau maximal d'endettement public, un «plafond» que le Trésor n'a pas le droit de dépasser.

Les parlementaires doivent régulièrement relever cette limite pour que le gouvernement américain puisse continuer à emprunter et payer ses factures: ses créditeurs sur les marchés financiers internationaux, mais aussi les salaires des fonctionnaires, les pensions de retraite des Américains et les dépenses courantes de l'État fédéral.

Avec un déficit en baisse mais persistant, le Trésor doit mécaniquement emprunter plus chaque année. Le secrétaire au Trésor, Jacob Lew, a averti que le plafond serait atteint fin février (le Congrès a autorisé en octobre le Trésor à emprunter jusqu'au 7 février, date que celui-ci pourra dépasser d'environ trois semaines grâce à des mesures extraordinaires).

Chaque échéance est l'occasion d'un bras de fer entre la Maison-Blanche et ses adversaires, qui font monter les enchères. En vain, ils avaient essayé en octobre de torpiller la loi de réforme du système de santé de Barack Obama. Inflexible, le président n'a pas flanché, et la Maison-Blanche assure qu'il ne flanchera pas non plus cette fois-ci.

«Nous allons le faire exactement comme on l'a fait précédemment, c'est-à-dire que nous n'allons pas payer de rançon», a déclaré dimanche Dan Pfeiffer, haut conseiller du président Barack Obama, sur la chaîne Fox News.

«Les Américains ne devraient pas avoir à payer de rançon aux républicains du Congrès pour que ceux-ci remplissent leur fonction la plus élémentaire, qui est de payer les factures», a-t-il martelé.

L'influence réduite du Tea Party

Que veulent aujourd'hui les républicains, marqués par l'expérience humiliante du combat d'octobre?

Ils ne réclament plus le détricotage d'«Obamacare» mais des mesures annoncées comme plus modestes, quoique symboliquement fortes: l'autorisation de la construction de l'oléoduc Keystone XL, toujours pas approuvée par l'administration Obama, ou une mesure interdisant au gouvernement de renflouer les compagnies d'assurance au cas où celles-ci subiraient des pertes dans le cadre de la réforme du système de santé.

«Il est irresponsable de la part du président de réclamer un relèvement ''propre'' du plafond de la dette, alors que notre dette est équivalente à notre économie», a dit Mitch McConnell, chef de la minorité républicaine du Sénat, sur Fox News.

La dette publique fédérale était de 106 % du PIB en 2013, selon le Bureau du budget du Congrès (CBO).

Mais tout en réclamant des contreparties, les républicains veulent rassurer.

«Nous ne devons pas faire défaut. Nous n'allons jamais faire défaut: le président de la Chambre et moi-même avons été clairs», a indiqué Mitch McConnell.

Les regards se concentrent sur la turbulente faction des ultra-conservateurs de la Chambre, liés au Tea Party. L'influence de ces élus - plusieurs dizaines, sur un groupe de 233 élus - fut déterminante dans le déclenchement de la paralysie, jusqu'à faire plier l'ensemble du groupe républicain, qui adopta une stratégie d'intransigeance.

«On ne peut pas se contenter de signer un chèque en blanc», assurait encore dimanche sur la chaîne CBS le sénateur républicain Ted Cruz, un de ses leaders.

Mais l'image des républicains a pâti de la crise d'octobre. Les chefs de file du parti en ont profité pour reprendre de l'ascendant sur leurs troupes, et validé en décembre et janvier un historique compromis budgétaire avec les démocrates, adopté dans un large consensus par le Congrès.

Tous les républicains de la Chambre se retrouveront de mercredi à vendredi lors de leur séminaire annuel, à deux heures de Washington. L'objectif: caler la stratégie des prochaines semaines et, comme l'espère le président de la Chambre John Boehner, unifier un groupe jusque là très indiscipliné.