Le Mexicain Edgar Tamayo Arias a été exécuté mercredi soir au Texas, en violation du droit international et malgré les pressions du gouvernement fédéral américain et le tollé diplomatique, après l'échec de tous les recours de dernière minute.

Le décès par injection létale d'Edgar Tamayo Arias, 46 ans, a été prononcé à 21 h 32 locales (22 h 32 à Montréal) dans la chambre de la mort de la prison de Huntsville, Texas, a indiqué à l'AFP Jason Clark, porte-parole des autorités pénitentiaires, peu après le rejet par la Cour suprême d'un ultime recours.

Condamné pour le meurtre d'un policier en 1994 à Houston, Edgar Tamayo avait été privé de ses droits consulaires, en violation de la Convention de Vienne.

Cette Convention de 1963, ratifiée par 175 pays, dont les États-Unis, stipule que tout ressortissant étranger doit pouvoir informer et recevoir l'assistance des représentants de son consulat, après avoir été au préalable avisé de ces droits.

Il s'agit du troisième Mexicain exécuté au Texas, en violation du droit international, tandis que la mort d'un quatrième a été programmée pour avril.

Le Mexique, qui a aboli la peine capitale, a «déploré» l'exécution, exhortant à «une action concrète pour éviter d'autres sentences en contradiction avec le jugement de la Cour internationale de Justice».

«C'est avec un profond regret que j'ai appris l'exécution» de M. Tamayo au Texas, a réagi jeudi la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, déplorant que cet État ait failli à ses obligations internationales.

«En ôtant la vie d'Edgar, les autorités du Texas ont bravé les obligations internationales incombant à notre nation», a, pour sa part, a déclaré Amnistie internationale dans un communiqué.

Mercredi, à Morelos, État du centre du Mexique dont M. Tamayo était originaire, les membres de sa famille et ses amis ont formé un cercle, se tenant par les mains, pour prier. Nombre d'entre eux se sont effondrés en larmes à l'annonce de l'exécution.

Après le rejet de leurs appels devant la justice inférieure au Texas, les avocates de M. Tamayo avaient saisi la Cour suprême, l'exhortant à suspendre l'exécution pour permettre la révision du dossier, sur la base du retard mental supposé du condamné et de la violation de ses droits consulaires.

«L'exécution de M. Tamayo viole les engagements des États-Unis, menace leurs intérêts en matière de politique étrangère et met en péril la sécurité des Américains à l'étranger», ont déclaré ses avocates Maurie Levin et Sandra Babcock.

M. Tamayo parlait à peine l'anglais lors de son arrestation et souffrait d'un retard mental, selon ses avocates. «S'il avait reçu l'assistance du consulat mexicain au moment de son procès, M. Tamayo n'aurait jamais été condamné à mort», avaient-elles plaidé jusqu'au dernier moment.

Mais la haute Cour a rejeté ces deux recours, sur recommandation du juge conservateur Antonin Scalia, en charge du Texas à la Cour suprême. Les trois juges progressistes auraient accordé un sursis pour réexaminer la violation de la Convention de Vienne.

«Électrochoc» pour une loi fédérale

«Il y a cinq ans, la Cour suprême des États-Unis avait unanimement reconnu l'importance du réexamen et de la révision des violations de la Convention de Vienne, mais en avait laissé la responsabilité au Congrès», a rappelé Mark Warren, chercheur de Human Rights Research spécialiste de la question.

«Peut-être que cette exécution fournira l'électrochoc dont le Congrès a tellement besoin», a-t-il ajouté en plaidant pour le vote urgent d'une loi sur la question.

Jusqu'au bout, le gouvernement fédéral, qui s'opposait catégoriquement à cette exécution, avait mis la pression sur le Texas, qui a toutes les prérogatives en matière de justice pénale sur son territoire.

Fin 2013, le secrétaire d'État John Kerry avait déjà demandé un sursis pour M. Tamayo auprès du gouverneur de cet État, Rick Perry, insistant sur «l'obligation des États-Unis au regard du droit international», et sur les répercussions inévitables pour tous les Américains emprisonnés à l'étranger.

La porte-parole de M. Perry, Lucy Nashed, a déclaré à l'AFP que «peu importe d'où l'on vient, si l'on commet un crime aussi abject que celui-ci au Texas, alors on relève aussi des lois de cet État...».

Une quarantaine d'autres Mexicains sont toujours dans le couloir de la mort aux États-Unis, malgré un jugement de 2004 de la Cour internationale de Justice réclamant la révision de leur dossier.

L'exécution d'un de ces ressortissants mexicains, Ramiro Hernandez, 44 ans, est programmée pour le 9 avril au Texas.

En outre, sur les 143 hommes de 37 nationalités étrangères actuellement détenus dans le couloir de la mort américain, seuls six ont été à ce jour informés de leurs droits consulaires, selon une étude publiée par le Centre d'information sur la peine capitale. Et 27 étrangers ont été exécutés aux États-Unis au mépris de la Convention de Vienne.

Photo: AFP

Edgar Tamayo Arias