La consule indienne dont l'arrestation à New York avait suscité le mois dernier une mini-crise diplomatique a été formellement inculpée jeudi par la justice américaine, au milieu d'informations contradictoires sur son éventuel départ des États-Unis.

Après plusieurs semaines de tensions entre les deux pays, Devyani Khobragade a été inculpée par un grand jury, étant soupçonnée d'avoir menti sur les conditions d'emploi de son employée de maison, mais a également obtenu très récemment une immunité diplomatique.

Dans la foulée de son inculpation pour fraude au visa et fausse déclaration, elle a quitté les États-Unis.

«Devyani Khobragade a obtenu des États-Unis un visa G1 lui octroyant une immunité diplomatique totale. L'Inde la rapatrie. Elle est maintenant dans l'avion», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères indien Syed Akbaruddin dans un tweet.

Le visa G1 est octroyé aux diplomates étrangers travaillant dans les organisations internationales aux États-Unis.

Dans un communiqué séparé, le ministère a indiqué que l'Inde avait refusé de renoncer à l'immunité diplomatique de sa consule, comme le demandait Washington, entrainant son départ des États-Unis où sont restés ses enfants.

Le gouvernement «a refusé et a transféré sa conseillère Khobragade au ministère des Affaires étrangères à New Delhi», selon le communiqué.

L'Inde s'activait en coulisses depuis plusieurs semaines pour assurer une immunité totale à sa consule, craignant qu'elle ne doive comparaître devant un tribunal.

Devyani Khobragade, consule générale adjointe à New York, avait été arrêtée le 12 décembre et détenue pendant 48 heures. La justice américaine l'accuse d'avoir sous-payé et exploité une employée de maison, elle aussi indienne, Sangeeta Richards, et d'avoir menti et produit de faux documents pour que celle-ci obtienne un visa de travail.

Pendant sa brève détention, la diplomate avait subi des fouilles au corps qui avaient suscité l'indignation de New Delhi, laquelle avait pris des mesures de rétorsion contre les États-Unis, notamment contre ses diplomates et l'ambassade en Inde.

L'acte d'accusation rendu public jeudi accuse Mme Khobragade, qui avait gardé le passeport de Sangeeta Richards, son employée, de l'avoir «illégalement sous-payée et exploitée».

La consule est accusée d'avoir envoyé en novembre 2012 une demande de visa pour cette employée de maison, stipulant qu'elle serait payée 4500 $ par mois.

De fait, elle avait déjà convenu en Inde avec elle qu'elle serait payée, pour travailler de 37,5 à 41,5 heures par semaine, 30 000 roupies mensuelles (environ 573 $), très en dessous du salaire minimum légal aux États-Unis.

Mais pour qu'elle puisse obtenir un visa, elle lui avait fabriqué un faux contrat de travail à destination des autorités américaines, respectant la législation du travail et avait demandé à Sangeeta Richards de mentir sur son salaire lors de son entretien pour obtenir son visa.

Une fois arrivée aux États-Unis, l'employée avait dû travailler souvent plus de 100 heures par semaine, sans journée de repos, soit pour un peu plus d'un dollar de l'heure.

Elle s'était enfuie en juin 2013. Sa famille en Inde avait alors subi de multiples pressions pour qu'elle retourne en Inde et ne raconte pas ce qu'elle avait vécu.

Selon l'acte d'accusation, Mme Khobragade a porté plainte contre la victime et le mari de celle-ci en Inde.