Les États-Unis ont rapatrié en Algérie deux prisonniers de la prison militaire américaine de Guantánamo (Cuba), a annoncé jeudi le Pentagone dans un communiqué, en dépit du refus de ces détenus d'être transférés en Algérie, où ils craignent de subir des abus.

«Le département de la Défense a annoncé le 5 décembre le transfèrement de Djamel Saiid Ali Ameziane et Bensayah Belkecem du centre de détention de Guantánamo au gouvernement algérien», indique le communiqué.

Le Pentagone précise que «les États-Unis se sont coordonnés avec le gouvernement algérien pour veiller à ce que les transfèrements aient lieu avec les assurances d'un traitement humain et d'une sécurité adéquate».

Les deux prisonniers refusaient d'être transférés en Algérie, où ils n'ont plus de famille et craignent de subir des violences.

Robert Kirsch, l'avocat de Bensayah Belkecem, avait indiqué vendredi à l'AFP être intervenu auprès des ministères américains de la Défense et des Affaires étrangères, ainsi que de l'ambassade d'Algérie à Washington, pour éviter ces rapatriements.

L'Algérie est «le seul pays autorisé par la loi» américaine à recevoir ses compatriotes détenus à Guantánamo, avait expliqué l'avocat.

Bensayah Belkecem réclame son retour en Bosnie, où il a été arrêté en 2002 et où vivent sa femme et ses filles. «Si les États-Unis l'envoient en Algérie», où il n'a plus de proches et n'a pas vécu depuis plus de 20 ans, «ils le condamneront à la perte définitive de sa famille», selon son avocat.

Djamel Ameziane, qui a vécu au Canada et en Autriche, demande de son côté à rentrer au Canada depuis qu'il a été déclaré «libérable» par l'administration Bush en 2007. Selon son avocat, Wells Dixon, Djamel Ameziane «craint des persécutions en Algérie».

Un porte-parole du Pentagone avait déclaré que le gouvernement américain «prenait toutes les précautions pour mener chaque transfèrement en accord avec ses critères et sa politique de droits de l'homme».

Alors que la levée des restrictions sur les transfèrements de Guantánamo est actuellement en débat au Congrès américain, le président Barack Obama tente d'accélérer les rapatriements pour pouvoir un jour fermer la prison où environ 162 hommes sont toujours enfermés.

Washington avait déjà procédé à deux rapatriements en Algérie, début août.