Deux détenus algériens de Guantanamo pourraient être rapatriés dans le courant du week-end en dépit de leur refus d'être transférés en Algérie où ils n'ont plus de famille et craignent de subir des abus, a-t-on appris vendredi auprès d'un de leurs avocats.

Robert Kirsch, l'avocat de l'un d'entre eux, a indiqué à l'AFP être intervenu auprès des ministères américains de la Défense et des Affaires étrangères, ainsi que de l'ambassade d'Algérie à Washington, pour éviter ces rapatriements qui pourraient avoir lieu dès ce week-end.

Sans confirmer l'imminence ou le lieu d'un transport de détenus de Guantanamo, un porte-parole du Pentagone a déclaré que le gouvernement américain «prenait toutes les précautions pour mener chaque transfèrement en accord avec ses critères et sa politique de droits de l'homme».

«En accord avec la Convention contre la Torture (...), les États-Unis appliquent scrupuleusement leur engagement de ne pas transférer des détenus dans des pays où nous pensons qu'ils encourent la torture (...) et nous évaluons avec sérieux tous les risques de mauvais traitements et de persécutions» avant toute décision, a déclaré à l'AFP Todd Breasseale.

Alors que la levée des restrictions sur les transfèrements de Guantanamo est actuellement en débat au Congrès, le président Barack Obama tente d'accélérer les rapatriements pour pouvoir un jour fermer la prison où 164 hommes sont toujours enfermés.

Après deux rapatriements en Algérie, début août, c'est donc le retour «imminent» de deux nouveaux Algériens qui a été annoncé à leurs avocats en début de semaine, a précisé Robert Kirsch, l'avocat de Belkacem Bensayah, 51 ans.

Bensayah et Djamel Ameziane, 46 ans, dont l'avocat n'a pas pu être joint, s'opposent de longue date à leur renvoi en Algérie, «le seul pays autorisé par la loi» américaine à recevoir ses compatriotes détenus à Guantanamo, a ajouté l'avocat.

Ameziane, qui a vécu en Autriche et au Canada, demande à rentrer au Canada depuis qu'il a été déclaré «libérable» par l'administration Bush en 2007.

Bensayah réclame de son côté son retour en Bosnie, où il a été arrêté en 2002 et où vivent sa femme et ses filles.

«Si les États-Unis l'envoient en Algérie, ils le condamneront à la perte permanente de sa famille», a écrit l'avocat au département d'État, estimant que Washington «ne doit pas forcer M. Bensayah à rentrer en Algérie», où il n'a plus de proches et n'a pas vécu depuis plus de 20 ans.

En Algérie, il craint des représailles des extrémistes musulmans, dont il ne partage pas les idées, a-t-il ajouté dans ce courriel, dont l'AFP a eu copie.

«Nous exhortons respectueusement le gouvernement algérien d'honorer sa promesse faite à M. Bensayah en 2006 et de respecter son droit à ne pas être rapatrié contre sa volonté», a-t-il encore écrit à l'ambassade algérienne.