L'une après l'autre, les têtes dirigeantes de Dallas avaient déconseillé à JFK de terminer sa tournée texane dans leur ville. L'extrême droite y sévissait et lui vouait une haine féroce. Le matin du 22 novembre 1963, cette haine était exprimée dans des dépliants distribués dans la rue et dans une annonce pleine page publiée dans le Dallas Morning News, titrée: «Bienvenue, M. Kennedy, à Dallas...»

Le dépliant accusait le président de plusieurs «activités perfides», notamment d'avoir cédé la souveraineté des États-Unis «aux Nations unies sous contrôle communiste», et «trahi nos amis», dont Cuba, et d'avoir sympathisé avec «nos ennemis», dont la Russie et la Pologne.

Le texte de la publicité posait, au président soupçonné de sympathies communistes, une série de questions, dont celle-ci: «Pourquoi l'Amérique latine est-elle en train de devenir anti-américaine ou communiste, ou les deux à la fois, malgré une aide financière accrue des États-Unis?»

Après avoir vu cette pub, le président avait dit à sa femme: «Nous entrons au pays des cinglés.»

Accueil enthousiaste

Mais les quelque 200 000 personnes massées le long du parcours emprunté par le président ce matin-là allaient lui réserver un accueil enthousiaste.

À tel point que la première dame du Texas, Nellie Connally, avait déclaré, en se tournant vers le président: «Vous ne pouvez certainement pas dire que Dallas ne vous aime pas.»

Quelques instants plus tard, des coups de feu retentissaient.

Lee Harvey Oswald, suspect de l'assassinat, n'avait rien à voir avec l'extrême droite. Mais l'étiquette de «ville de haine» allait longtemps coller à Dallas.

Monsieur le maire

Dans les jours qui ont suivi l'assassinat de JFK, des lettres adressées au maire de Dallas, Earl Cabell, ont afflué des quatre coins des États-Unis et du monde, exprimant souvent la colère de leurs signataires à l'égard de la ville et du Texas. Dans l'une d'elles, une Californienne a écrit: «Si jamais j'ai la grande malchance de rencontrer un habitant de cet État de haine, de honte et d'anarchie, je tournerai la tête sans dire un mot et je le planterai là.»

IL A DIT...