James «Whitey» Bulger, un ancien caïd de Boston, a été mené en prison pour le reste de sa vie jeudi, acceptant le verdict en silence et d'un visage impassible, après qu'une juge eut fustigé le bandit de 84 ans pour sa «presque inimaginable» dépravation.

La peine imposée à Bulger pour son règne meurtrier durant les années 70 et 80 est venue clore un chapitre sordide qui a mis en lumière une complicité du FBI dans ses crimes, et atterré de nombreuses familles dont des êtres chers ont été tués par Bulger ou ses acolytes.

Plusieurs proches des victimes ont manifesté leur colère à l'endroit de Bulger lors de la première journée d'audience de détermination de la peine, mercredi, le qualifiant de «terroriste», de «voyou» et l'appelant même «Satan».

Mais lorsque la juge Denise Casper a annoncé la peine - deux sentences consécutives de prison à vie et cinq années additionnelles - il n'y a eu ni cris de joie, ni applaudissements de la part des familles, que du silence.

Par la suite, plusieurs ont confié être satisfaits de savoir que Bulger écoulera ses jours derrière les barreaux, incluant Tom Donahue, dont le père a été tué par Bulger après qu'il eut offert de reconduire chez lui un homme qui était, en fait, la cible du caïd.

Bulger, l'ancien chef du «Winter Hill Gang», une organisation criminelle irlando-américaine de Boston, a quitté la ville en 1994 après avoir été informé par un ancien agent du FBI qu'il allait être arrêté et accusé. Sa fugue a duré plus de 16 ans, soit jusqu'à sa capture à Santa Monica, en Californie, en 2011.

Sa disparition s'est avérée un cas d'embarras majeur pour le FBI après qu'il eut été révélé que des agents corrompus de Boston avaient accepté des pots-de-vin de Bulger et qu'ils l'avaient protégé pendant des années alors qu'il travaillait à titre d'informateur du FBI, à qui il donnait des renseignements au sujet du New England Mafia, un gang rival.

En août, un jury a condamné Bulger dans une vaste affaire de racket. Il a été reconnu coupable de 11 des 19 meurtres pour lesquels il avait été accusé, et de dizaine d'autres crimes, incluant extorsion et blanchiment d'argent.

Lors du prononcé de la peine, la juge a lu les noms des 11 victimes, avant de dire à Bulger qu'elle et toutes les autres personnes à son procès auraient souhaité assister à un film parce que les atrocités décrites - incluant des étranglements et des fusillades - étaient si terribles.

«L'ampleur, la dureté et la dépravation de vos crimes sont presque inimaginables», a lancé la juge Casper, avant d'imposer la peine que les procureurs de la poursuite avaient réclamée.