Un ancien chef du renseignement américain a été écouté dans un train jeudi, alors qu'il était au téléphone avec des journalistes et critiquait en «off» l'administration de Barack Obama, et les propos qu'il croyait anonymes ont été publiés sur Twitter.

Le général Michael Hayden, ancien chef de la CIA et de l'Agence de sécurité nationale (NSA) aujourd'hui à la retraite, a commis l'erreur de donner une série d'interviews téléphoniques à des journalistes en public, pendant son voyage en train.

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Il était assis sans le savoir près de Tom Matzzie, ex-directeur à Washington de l'organisation progressiste MoveOn.org, qui a immédiatement divulgué les extraits les plus piquants de la conversation sur Twitter.

Le scandale d'espionnage des communications par la NSA et les prisons secrètes de la CIA à l'étranger ont été évoqués par Michael Hayden.

Cette conversation a été surprise peu après de nouvelles révélations de la presse selon lesquelles les États-Unis avaient espionné les communications de 35 dirigeants mondiaux.

Quelques heures auparavant, la presse accusait les États-Unis d'avoir surveillé le téléphone portable de la chancelière allemande Angela Merkel, amplifiant encore le scandale d'espionnage américain.

«L'ancien chef de la NSA Michael Hayden divulgue des informations près de moi, à bord de l'Acela express, sous couvert d'anonymat, en tant qu'ancien haut responsable de l'administration», a tweeté Tom Matzzie à 16 h 30, plus d'une heure après le départ du train de Washington vers New York.

«À bord de l'Acela express j'écoute l'ancien chef de la NSA Michael Hayden donner des interviews en off. J'ai l'impression d'être au coeur de la NSA. Sauf que je suis dans un lieu public» a-t-il publié.

Michael Hayden était interviewé par plusieurs journalistes et ne cessait de s'assurer qu'il ne serait cité qu'au titre d'ancien haut responsable de l'administration, selon Tom Mattzie.

L'ancien chef du renseignement a évoqué les accusations d'espionnage de Washington sur ses alliés et a fanfaronné à propos de lieux de détention secrets, a affirmé Tom Matzzie, un ancien militant contre la guerre en Irak.

Tom Mattzie était de plus en plus nerveux, inquiet d'être découvert par Michael Hayden.

«Le téléphone sonne. Je crois que la fête est terminée. Peut-être que quelqu'un est en train de l'avertir que je suis ici. Je me cache?», a demandé Tom Mattzie sur Twitter, une quinzaine de minutes après avoir commencé à tweeter.

«Un nouvel appel. Je crois que je me suis fait prendre», a-t-il tweeté à nouveau.

Bien que Michael Hayden ait été apparemment averti par son bureau, il a offert «gracieusement» une interview à Tom Matzzie.

Selon Tom Mattzie, tous deux ont parlé de l'espionnage américain à l'étranger et du quatrième amendement de la Constitution américaine, qui interdit toute recherche ou saisie injustifiée.

«Je viens d'avoir une conversation très intéressante avec Michael Hayden. C'est un gentleman, et nous sommes en désaccord», a dit Tom Matzzie.

Tom Matzzie a publié une photo où les deux hommes sont souriants, le bras de Michael Hayden appuyé sur le siège du militant, accompagnée de la simple légende : «Victoire».

Tom Matzzie, qui dirige aujourd'hui une entreprise d'énergies renouvelables, a tweeté plus tard : Je dois le dire. Je suis un peu inquiet. Le monde du renseignement est sombre et effrayant».

PHOTO TOM MATZZIE, TWITTER

Tom Matzzie (à gauche) et l'ex-patron du renseignement amérciain Michael Hayden, à bord du Acela express, le 24 octobre.