Un rapport médical montre que le Pakistanais Ali Abd al-Aziz Ali, l'un des accusés du 11-Septembre, a subi une blessure à la tête lorsqu'il était en détention dans une prison de la CIA, a déclaré mercredi son avocat devant un juge militaire.

James Connell a dévoilé ce rapport au deuxième jour d'une audience préliminaire à Guantanamo, centrée sur les tortures que les cinq accusés auraient subies dans des prisons secrètes à l'étranger, pendant les trois années qui ont suivi leur arrestation en 2003.

Ce rapport de septembre 2006 «décrit la survenue de mauvais traitements sur un détenu», a déclaré Me Connell, en l'absence de son client dans la salle du tribunal.

Il a souligné que «des troubles de la vision, des maux de tête et des pertes de mémoire» y sont listés comme «résultant d'une blessure à la tête» survenue «les années précédentes».

Son client, Ali Abd al-Aziz Ali, alias Ammar al-Baluchi, est accusé d'avoir participé à l'organisation logistique de l'opération du 11 septembre 2001. Il est le neveu du cerveau autoproclamé des attentats du 11-Septembre, Khaled Cheikh Mohammed, également sur les bancs des accusés, et le cousin de Ramzi Youssef, auteur de l'attentat contre le World Trade Center en 1993.

Il a été identifié dans le long-métrage Zero Dark Thirty comme le détenu soumis à des actes de torture dans une prison secrète de la CIA.

Me Connell a suggéré au juge de regarder le film pour avoir une idée des «mauvais traitements» subis par son client.

Il avait récemment demandé d'avoir accès aux mêmes informations que la CIA a divulguées aux producteurs du film, mais cette demande n'a pas encore été discutée devant le tribunal.

Documents sur rétroprojecteur à l'appui, l'avocat a présenté ce rapport médical, après qu'il y eût été autorisé la veille en séance à huis-clos par le juge James Pohl.

«M. Al-Baluchi a rapporté de mauvais traitements mais rien ne s'est passé, aucune enquête», a déploré Me Connel. «L'ironie», a-t-il plaidé, «c'est que M. Al-Baluchi ne peut pas décrire son histoire clinique, ni dire comment il s'est fait ces blessures (...) car tout ce qu'il dit est considéré classifié».

«L'accusé est actuellement sous le contrôle du gouvernement américain (...) il a été exposé à des secrets gouvernementaux», a répondu le procureur Clayton Trivett. «Nous étions en guerre et nous avions besoin de renseignements. Nous n'avions pas choisi de faire la guerre à Al-Qaïda mais Al-Qaïda avait choisi d'entrer en guerre contre nous», a-t-il ajouté.

Seuls quatre des cinq accusés, vêtus de tenues de camouflage ou de longues tuniques traditionnelles, étaient présents mercredi à l'audience, pendant laquelle les défenseurs s'efforcent de prouver qu'ils peuvent invoquer la Convention de l'ONU contre la Torture, ratifiée par les États-Unis, en raison des abus endurés par leurs clients.

Selon cette Convention, «aucune exception ni circonstance ne justifie la torture», pas même le fait que les États-Unis étaient «en guerre», a plaidé l'avocat Walter Ruiz.