Barack Obama a affirmé lundi que sa réforme du système de santé, pièce maîtresse de son bilan,  ne se résumait pas à un site internet, mais a reconnu que ce dernier n'avait «pas fonctionné aussi bien qu'il le devait».

Le président des États-Unis a promis à ses compatriotes que l'administration faisait «tout (son) possible pour améliorer le fonctionnement» du site en question, accablé de problèmes techniques depuis sa mise en route il y a trois semaines.

Dans un système dominé par les assureurs privés, quelque 53 millions d'Américains sont dépourvus de couverture maladie. La réforme promulguée en 2010 par M. Obama vise à en protéger entre 30 et 33 millions.

«Pas la peine de se mentir. Le site internet est trop lent, les gens se retrouvent coincés lors du processus d'inscription. On peut dire sans se tromper que personne n'est plus en colère que moi» à cause de ces errements, a déclaré M. Obama à la Maison-Blanche.

«Je veux que les gens obtiennent ce produit formidable. Ces problèmes sont inexcusables. Et ces problèmes sont en train d'être résolus», a-t-il juré, en faisant l'article de solutions de rechange, comme des inscriptions par courrier classique, et un numéro vert.

Il a aussi mis en garde ses adversaires républicains, hostiles à la réforme depuis le début, et qui ont tenté d'empêcher son application, en particulier en refusant de voter un budget au Congrès au début du mois.

Cet affrontement a provoqué une paralysie des administrations pendant 16 jours, résolue in extremis la semaine dernière avant un possible défaut de paiement.

«Éléments de langage usés»

«Je l'ai déjà dit, je suis prêt à travailler avec quiconque pour faire en sorte que cette loi fonctionne mieux. Mais il est temps pour les gens de cesser de vouloir son échec, parce que la classe moyenne, celle qui travaille dur, veut qu'elle réussisse», a-t-il lancé.

Depuis le 1er octobre et pour six mois, les personnes désireuses d'être couvertes peuvent s'inscrire à de nouveaux marchés d'assurance maladie, qui offrent un choix bénéficiant du jeu de la concurrence, l'idée étant de tirer les coûts de la santé vers le bas.

Ces marchés sont co-gérés par le gouvernement fédéral et les autorités locales dans 36 États, tandis que les 14 autres ont organisé leurs propres systèmes.

Un des points centraux de la loi prévoit que la plupart des personnes souscrivant à ces assurances pourront bénéficier de subventions sous forme de crédit d'impôt. Mais l'inscription est obligatoire pour les Américains sans aucune assurance, sous peine d'amende.

Or, le principal portail internet d'accès à ces marchés, healthcare.gov, subit depuis trois semaines de graves dysfonctionnements, entre blocages, ralentissements et écrans d'erreur.

«Chaque jour qui passe avec des problèmes pour le site internet sera un jour lors duquel les républicains pourront dire que c'est (la réforme) en général qui pose problème», note Dante Scala, professeur de sciences politiques à l'université du New Hampshire.

La Maison-Blanche a fait savoir pendant le week-end que le site avait reçu 19 millions de visiteurs depuis début octobre. Lundi, le porte-parole de l'exécutif Jay Carney a évoqué le chiffre d'«un demi-million» de personnes qui avaient réussi à s'inscrire via ce site, mais l'administration reste muette sur le nombre de personnes qui ont effectivement obtenu une couverture.

Le président républicain de la Chambre, John Boehner, a accusé M. Obama d'avoir présenté «des éléments de langage usés» plutôt que des «explications» lundi. «Soit le président ne comprend pas l'étendue de l'échec de la loi, soit il ne pense pas que les Américains méritent des réponses directes», a-t-il déclaré.

De son côté, le sénateur républicain Ted Cruz, soutenu par le groupe populiste d'ultra-droite Tea Party, a qualifié la réforme de «pire tueur d'emplois du pays», et affirmé que des employeurs avaient privé leurs salariés de couverture maladie pour les faire basculer à leurs frais sur le dispositif nouvellement mis en place.