À moins de deux jours de l'échéance d'un possible défaut de paiement des États-Unis sur leur dette, le ton est monté mardi à Washington en pleine incertitude sur l'issue de négociations de dernière minute au Congrès.

Après 15 jours de paralysie de l'État fédéral faute d'accord sur le budget, les chefs de file du Sénat avaient prévu de dévoiler mardi un plan pour résoudre la crise et relever in extremis le plafond légal de la dette.

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Mais les républicains majoritaires à la Chambre des représentants ont tenté de revenir dans le jeu en préparant leur propre plan, qui s'en prendrait davantage à la réforme de l'assurance maladie promulguée par le président Barack Obama en 2010 et honnie par les conservateurs.

Cette tentative a été rejetée par les démocrates de l'exécutif et du Congrès.

«Le président a dit et répété que les membres du Congrès n'avaient pas à exiger de rançon pour assumer leurs responsabilités fondamentales de voter un budget et de payer les factures du pays», a expliqué une porte-parole de la Maison-Blanche, Amy Brundage, estimant que «malheureusement, c'est ce que fait la dernière proposition des républicains de la Chambre».

Mme Brundage a accusé les dirigeants républicains de cette assemblée d'avoir élaboré cette proposition «pour plaire à un petit groupe de républicains du Tea Party, ceux-là mêmes qui ont déclenché la paralysie de l'État» depuis le 1er octobre.

Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, a quant à lui qualifié la proposition républicaine d'«attaque en règle contre la coopération entre les deux partis». «Que ce soit clair : le texte de loi de la Chambre ne passera pas au Sénat», a-t-il prévenu.

Pris en tenaille entre sa volonté affichée de ne pas laisser la première économie mondiale faire défaut et la pression d'élus soutenus par le Tea Party, influent mouvement populiste d'ultra-droite hostile au compromis, M. Boehner ne s'est pas engagé lors d'une courte conférence de presse mardi.

«Il y a beaucoup d'opinions sur la direction à prendre. Aucune décision n'a été prise sur ce que nous allons faire, exactement», a-t-il dit.

Encore «loin d'un accord»

Cette absence de décision a suspendu de facto les progrès au Sénat, où un responsable républicain au Sénat a indiqué à l'AFP que cette assemblée attendrait de voir ce que la Chambre déciderait avant de voter. Le sénateur républicain Roy Blunt a expliqué que «la balle est dans le camp de la Chambre, et le Sénat va attendre de voir ce que la Chambre (lui) envoie».

Quelle que soit la solution choisie, elle devra en effet être entérinée par les deux assemblées du Congrès avant d'être promulguée par M. Obama.

«Nous sommes encouragés par les progrès au Sénat, mais nous sommes loin d'un accord à l'heure actuelle», a estimé à la mi-journée le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney.

Avant ces développements à l'issue incertaine, l'espoir d'un accord au Sénat avait donné mardi matin un coup de fouet aux Bourses mondiales : Tokyo a terminé en hausse, suivi par les principales places européennes. Francfort a même atteint un nouveau sommet historique.

Mais en début d'après-midi, l'indice Dow Jones évoluait légèrement dans le rouge (-0,31 %) à Wall Street.

M. Reid a répété mardi que «des négociations productives se produisent avec le dirigeant républicain» du Sénat, Mitch McConnell, et s'est dit «confiant dans le fait que nous allons parvenir à un accord complet cette semaine, à temps pour éviter un défaut de paiement».

Le plan élaboré par les deux hommes comprendrait, selon plusieurs médias américains, une mesure permettant au Trésor de continuer à emprunter jusqu'au 7 février, et à l'État fédéral de rouvrir entièrement jusqu'au 15 janvier.

En échange, les démocrates offriraient des concessions sur certains aspects de la réforme du système de santé, élément déclencheur de la crise actuelle, notamment en renonçant à une taxe sur les sociétés d'assurance.

Des négociations budgétaires formelles via une commission bicamérale seraient immédiatement engagées, portant sur le reste de l'année budgétaire 2014.

Mais une telle «supercommission» n'avait déjà pas réussi à trouver une solution budgétaire en 2011, ouvrant la voie à une cure d'austérité forcée toujours en vigueur.

Faute de relèvement du plafond de la dette, le Trésor a prévenu qu'il ne pourrait plus emprunter à partir de jeudi et qu'il risquait rapidement de ne plus pouvoir assurer tous ses paiements, à une date difficile à prédire, mais qui pourrait se situer entre les 22 et 31 octobre, selon le Bureau du budget du Congrès.

Le sort du dollar, monnaie de réserve mondiale, et celui des bons du Trésor, placements réputés les plus sûrs de la planète, pourraient être en jeu.