Démocrates et républicains ont repris leurs contacts pour éviter un défaut de paiement catastrophique aux États-Unis, mais les perspectives de solution rapide restaient encore floues vendredi matin, au onzième jour de la crise budgétaire.

Les élus républicains, sous la pression de très mauvais sondages d'opinion, ont pour la première fois laissé entendre qu'une percée était possible, à l'issue d'une réunion avec le président Barack Obama jeudi soir.

«Nos équipes vont continuer à se parler ce soir, nous aurons plus de discussions, le président a dit qu'il consulterait son administration, et j'espère que nous pourrons entrevoir une façon d'avancer ensuite», avait déclaré le chef de la majorité à la Chambre des représentants, Eric Cantor.

Ces discussions ont eu lieu, mais aucune décision n'a été prise et les contacts devaient reprendre vendredi au niveau des collaborateurs, a expliqué vendredi à l'AFP un responsable républicain de la Chambre, sous couvert d'anonymat.

De son côté, la Maison-Blanche observait le silence. Jeudi soir, elle a simplement indiqué qu'«après une discussion sur les possibles façons d'aller de l'avant, aucun choix spécifique n'a été effectué». De même source, «le président espère continuer à faire des progrès avec les membres des deux partis».

M. Obama devait d'ailleurs recevoir en fin de matinée à la Maison-Blanche les sénateurs républicains, censés être moins intransigeants que certains de leurs collègues de la Chambre issus du mouvement populiste ultraconservateur «tea party».

Mauvais sondages pour les républicains

Certains sénateurs républicains, minoritaires dans leur assemblée, tentent de trouver une porte de sortie distincte à la crise actuelle.

Les républicains de la Chambre ont pour leur part proposé jeudi à M. Obama un relèvement temporaire de la limite de la dette jusqu'au 22 novembre pour écarter le risque d'un défaut de paiement, mais sans inclure de mesure rouvrant entièrement l'État fédéral, paralysé depuis le 1er octobre faute d'accord sur le budget.

Cette percée apparente, après des jours de blocage et de déclarations intransigeantes, a provoqué l'euphorie de Wall Street, dont les principaux indices ont bondi de 2 % jeudi, entraînant Tokyo dans leur sillage vendredi (+1,48 %). Le marché new-yorkais reprenait son souffle vendredi matin, s'affichant en légère baisse à l'ouverture.

Les républicains sont sous pression, l'opinion publique se rangeant majoritairement du côté du président démocrate depuis le début de la crise.

Selon un sondage NBC/Wall Street Journal publié jeudi, 53 % des Américains estiment que les républicains sont responsables de cette paralysie fédérale, des chiffres de mauvais augure à un an des élections législatives à mi-mandat présidentiel.

En échange du relèvement de la limite de la dette, les républicains veulent l'ouverture de négociations sur le budget et une réforme des programmes sociaux, comme le système de retraite.

Le porte-parole de M. Obama, Jay Carney, a laissé entendre jeudi que le président promulguerait un relèvement du plafond de la dette à court terme, mais répété que ce dernier voulait aussi un vote sur le budget sans condition préalable.

Harry Reid, chef de file des démocrates majoritaires au Sénat, a assuré que ses troupes étaient prêtes à «discuter de tout, absolument tout» avec les républicains après le vote d'un budget. Mais il a catégoriquement rejeté l'idée de conditionner la fin de la paralysie de l'État à des négociations.

Depuis le 1er octobre, des centaines de milliers de fonctionnaires ont été mis d'office en congés sans solde, provoquant un grippage de l'État fédéral qui se fait de plus en plus durement ressentir.

Jeudi soir, M. Obama a toutefois promulgué une loi rétablissant le versement des indemnités dues aux familles de soldats tués, dont la suspension avait déclenché un scandale.

La paralysie budgétaire se double de la nécessité de relever le plafond légal de la dette, une prérogative du Congrès, d'ici à jeudi prochain. Faute d'un tel vote, la première économie mondiale sera exposée à un défaut de paiement sans précédent et aux conséquences catastrophiques pour le Trésor.