La première journée de paralysie fédérale aux États-Unis s'est terminée mardi comme elle a commencé, dans l'impasse politique, Barack Obama accusant ses adversaires de mener une «croisade idéologique» qui a coûté leurs salaires à des centaines de milliers de fonctionnaires.

Le président américain a imploré les républicains du Congrès de voter sans attendre pour mettre fin à la paralysie, la première depuis 1996. «Cela n'aura lieu que lorsque les républicains comprendront qu'ils n'ont pas le droit de prendre l'économie entière en otage pour des raisons idéologiques», a-t-il lancé depuis la roseraie de la Maison-Blanche.

Les républicains qui dominent la Chambre des représentants ont changé de stratégie mardi, après l'échec de leur tentative de faire adopter par le Sénat une loi de finances qui aurait sabordé la loi sur la santé de Barack Obama.

Mais leur nouveau projet a été enterré dès la Chambre, lors de trois votes négatifs sur des mini-lois de finances qui visaient à «rouvrir» seulement trois secteurs de l'État fédéral: les parcs et monuments nationaux, les services aux anciens combattants et les services de la ville de Washington.

La Maison-Blanche refuse cette approche «par morceaux» qui ne résoudrait pas la situation pour les autres agences fédérales, comme la recherche ou l'enseignement et Barack Obama y aurait opposé son veto.

Victimes les plus visibles du blocage: les monuments et musées nationaux de Washington, la Statue de la Liberté à New York et les immenses parcs naturels nationaux comme Yosemite, qui sont restés fermés aux touristes.

Mais bravant l'interdiction, et avec l'appui de parlementaires, un groupe de vétérans de la Seconde Guerre mondiale a forcé les barrières qui leur interdisaient l'accès à un monument érigé en souvenir du conflit, à Washington.

Dans la capitale fédérale, des fonctionnaires sommés de rester chez eux s'emportaient contre les élus du Congrès, à l'image de Christine Baughman, la cinquantaine, employée à l'agence de protection de l'environnement. «Ils avaient six mois pour voter le budget, mais apparemment ça n'était pas assez ! Ca n'est jamais assez», a-t-elle lancé.

Environ 800 000 fonctionnaires jugés non essentiels, sur plus de deux millions, ont eu quelques heures pour ranger leurs affaires et rentrer chez eux mardi, sans garantie de paie rétroactive.

De la Défense à l'Enseignement, toutes les administrations ont réduit leurs effectifs au minimum vital. La Maison-Blanche fonctionnait avec 25% de son personnel et plusieurs statistiques macro-économiques ne pourront être publiées.

Autre conséquence: les cimetières militaires américains dans le monde où sont tombés les GI's des Première et Seconde Guerres mondiales, notamment lors du Débarquement en Normandie, étaient eux aussi fermés «temporairement».

La sécurité nationale et les services essentiels, comme les opérations militaires, le contrôle aérien et les prisons, étaient toutefois globalement exemptés.

Plafond de la dette

Ce «shutdown» - le terme américain qui désigne la fermeture partielle des services fédéraux - marque le pic de 33 mois d'affrontements sur le budget entre les démocrates et les républicains, qui ont repris le contrôle de la Chambre en janvier 2011, après l'élection de dizaines d'élus de la mouvance populiste Tea Party.

Ceux-ci insistent depuis des mois pour voter un budget qui reviendrait, d'une manière ou d'une autre, sur la réforme de l'assurance-maladie, pièce maîtresse du bilan social du président et qui bénéficie du soutien indéfectible des démocrates.

Un volet important de la réforme est entré en vigueur mardi: des millions d'Américains démunis d'assurance maladie peuvent désormais déposer une demande sur internet pour bénéficier d'une couverture subventionnée à partir de janvier 2014.

Le premier jour d'enregistrement a d'ailleurs provoqué une saturation de nombreux sites.

Mais un sondage Quinnipiac indiquait que 77% des Américains rejetaient un recours à une fermeture partielle des activités de l'État pour bloquer l'application de la réforme.

La fermeture des services fédéraux ne devrait toutefois avoir qu'un impact limité sur la première économie mondiale, contrairement à celui qu'aurait une impasse persistante sur le relèvement du plafond de la dette. Celui-ci doit faire l'objet d'un accord d'ici au 17 octobre, faute de quoi les États-Unis ne pourront plus faire face à toutes leurs obligations financières.

Le secrétaire au Trésor Jacob Lew a indiqué mardi soir que la cessation partielle des activités de l'État ne changeait rien à la date-butoir du 17 octobre.

Des parlementaires, tels Tom Coburn et Richard Durbin, prédisaient une fusion des deux dossiers dans les deux prochaines semaines.

La paralysie fédérale n'a pas ému les principales places financières mondiales, mais les marchés restaient prudents, en se focalisant sur l'échéance du plafond de la dette.