Les États-Unis, plutôt que d'attaquer de front les shebab somaliens, ont jusque-là préféré fournir un appui discret, allant du renseignement à la formation des armées des pays qui combattent ces islamistes.

Cette tactique pourrait être remise en cause après l'attaque d'un grand centre commercial à Nairobi ce week-end, revendiquée par les shebab et qui a fait au moins 67 morts.

Mais les autorités américaines estiment que leur stratégie s'est avérée payante, malgré ces derniers événements, et que l'attaque du centre commercial Westgate à Nairobi était justement une tentative désespérée de représailles de la part des shebab, après leurs nombreuses défaites ces derniers mois en Somalie.

L'armée américaine utilise des drones depuis des bases comme Djibouti ou Entebbe (Ouganda) pour traquer les mouvements des shebab, et des soldats des forces spéciales ont appris certaines tactiques à leurs homologues du Kenya, d'Éthiopie et de Somalie, soulignent des experts.

«C'est véritablement une approche prudente», déclare Seth Jones, un ancien conseiller pour les opérations spéciales. «La présence américaine a été minimale, en surface en tout cas.»

La collecte de renseignements remis ensuite à leurs alliés régionaux représente la contribution la plus importante de l'aide américaine, estime encore M. Jones. «Les États-Unis collectent beaucoup d'informations et ils les partagent.»

«Il n'y a pas si longtemps le gouvernement somalien ne contrôlait que quelques pâtés de maisons à Mogadiscio, et aujourd'hui ils contrôlent une vaste zone dans le sud du pays», note également un officier américain s'exprimant sous couvert de l'anonymat.

Travail en sous-main

Les shebab sont clairement «sous pression», mais «il est clair qu'ils n'ont pas disparu», consent toutefois ce haut gradé.

L'administration du président Barack Obama n'a pas pour projet de changer radicalement d'approche sur ce dossier. Il n'est pas prévu par exemple de mener des raids aériens avec des drones ou d'opérations avec des forces spéciales.

Depuis les attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie en 1998, et ceux du 11 septembre 2001, les États-Unis ont commencé à se créer tout un réseau logistique à travers l'Afrique de l'Est. Ils sont ainsi parvenus à obtenir un accès à un certain nombre de ports et d'aéroports, alors que leur base principale dans cette zone est le «Camp Lemonnier», situé à Djibouti.

Environ 3000 soldats sont déployés sur cette base, qui gère l'aide militaire et les formations dans la région. Environ 150 militaires américains sont en outre positionnés au Kenya, dont un certain nombre de formateurs, et un nombre similaire de soldats en Éthiopie, selon le Pentagone.

Celui-ci dépense des centaines de millions de dollars en soutien de la mission de l'Union africaine en Somalie, par le biais d'une aide logistique, de l'équipement, de la formation et du transport de troupes.

En revanche, contrairement au Pakistan ou au Yémen, les attaques de drones contre des militants liés à al-Qaïda en Somalie ont été très rares. Washington a préféré travailler en sous-main notamment pour éviter un retour de flamme et les comparaisons avec le déploiement chaotique en Somalie dans les années 1990.

Le fait que des assaillants dans le centre commercial de Nairobi soient semble-t-il de nationalité américaine a en tout cas élevé le niveau d'attention des Américains sur les shebab. Parce qu'il y a toujours une crainte de les voir mener des actions terroristes sur le sol américain.