En décidant de mettre fin à leur décompte quotidien, les autorités de Guantanamo ont de fait prononcé lundi la fin d'une grève de la faim sans précédent, suivie depuis plus de six mois par des prisonniers protestant contre leur détention.

Dans son ultime bilan quotidien, le lieutenant-colonel Samuel House, porte-parole de la prison, a précisé que 19 détenus sur les 164 hommes incarcérés à Guantanamo, suivaient encore le mouvement lundi, un chiffre au plus bas qui n'a plus évolué depuis le 11 septembre.

Dix-huit d'entre eux étaient toujours alimentés lundi par une sonde naso-gastrique, et plus aucun n'était hospitalisé, a précisé ce porte-parole, qui considère cette proportion comparable au nombre résiduel de grévistes de la faim à Guantanamo.

Le mouvement qu'avocats et autorités qualifiaient de «sans précédent par sa durée et sa magnitude» a atteint 106 participants au plus fort de la grève le 10 juillet, dont un maximum de 46 étaient nourris de force et jusqu'à une poignée d'entre eux hospitalisés, selon les chiffres des autorités.

«Après le décompte d'aujourd'hui, la force de coalition de la Baie de Guantanamo (qui dirige la prison) ne publiera plus de bilan quotidien de la grève de la faim», explique Samuel House. «Depuis 2007, il y a toujours eu un faible nombre de détenus choisissant de faire une grève de la faim à long terme avec d'occasionnelles augmentations et diminutions» du nombre de participants.

«Depuis le 10 juillet 2013, le chiffre de grévistes baisse de manière significative et nous pensons que la participation d'aujourd'hui représente ceux qui veulent continuer le mouvement», ajoute-t-il dans son communiqué.

Une fouille du camp 6, où la majorité des hommes sont enfermés, avait mis le feu aux poudres, le 6 février, quand des gardiens ont examiné des corans d'une manière jugée blasphématoire par les prisonniers.

Mais, depuis plus de six mois, les avocats arguent que c'est surtout leur détention illimitée depuis 11 ans, sans inculpation ni procès, que dénonçaient la plupart des protestataires.

«Les hommes ont atteint leurs objectifs», s'est félicité lundi David Remes, l'avocat d'une quinzaine de détenus. «Ils ont remis Guantanamo sur l'écran radar», a-t-il expliqué à l'AFP, faisant allusion au discours de Barack Obama, en mai dernier, où le président américain a réitéré sa promesse de fermer la prison. Le rapatriement des détenus a en outre repris, avec le retour de deux Algériens de Guantanamo, le mois dernier.