Des chercheurs d'une université de la Floride ont commencé à exhumer des dizaines de tombes, samedi, sur le site d'une ancienne école de réforme bien connue où d'ex-détenus des années 1950 et 1960 ont détaillé d'horribles séances de violences physiques ayant eu lieu dans un petit bâtiment blanc en béton.

Un groupe de survivants se donnant le nom de «White House Boys» fait pression depuis cinq ans pour qu'une enquête ait lieu sur les tombes de l'ancienne École Dozier pour garçons, qui a été plongée dans les scandales pratiquement depuis sa fondation; des récits d'agressions physiques, mentales et sexuelles sur les enfants ont été documentés. L'école a ouvert ses portes en 1900 et a mis fin à ses activités il y a deux ans pour des raisons de budgétaires.

Après que l'État eut conclu une enquête en 2010 en affirmant ne pas pouvoir confirmer ou nier les affirmations voulant que des enfants eussent été tués par la faute des employés, l'Université du Sud de la Floride (USF) a entamé ses propres recherches et a découvert encore plus de tombes que n'en avait identifié l'État.

L'université a travaillé pendant des mois pour obtenir un permis afin d'exhumer les corps, recevant finalement la permission du gouverneur Rick Scott et du cabinet de l'État après avoir reçu une rebuffade de la part du secrétaire d'État Ken Detzner.

La porte-parole de l'USF Lara Wade a déclaré samedi que les travaux avaient débuté. Les chercheurs retirent de la terre avec des truelles et avec leurs mains pour trouver les restes humains qui se trouveraient entre 48 et 90 centimètres sous la surface.

«Dans ces dossiers historiques, il est surtout question d'obtenir des informations précises, déterminer ce qui s'est passé et de connaître la vérité», a déclaré Erin Kimmerle, une anthropologue de l'USF qui dirige les travaux d'excavation.

Selon elle, les restes de près de 50 personnes se trouvent dans les tombes. Certaines sont marquées d'une croix d'acier blanc, et d'autres ne sont pas identifiées.

L'école a séparé les détenus noirs et blancs, et les restes humains sont situés à l'endroit où les prisonniers noirs étaient détenus, a précisé Robert Straley, un porte-parole des «White House Boys». Il estime qu'il existe un autre cimetière, pour les Blancs celui-là, qui n'a pas encore été découvert.

«Je crois qu'il y a au moins 100 corps supplémentaires là-bas, a-t-il dit. À un moment, ils vont découvrir plus de corps, j'en suis certain. Il doit y avoir un cimetière pour Blancs de leur côté.»

L'USF travaillera sur les lieux jusqu'à mardi, et espère déterrer les corps de deux à quatre enfants avant de reprendre l'excavation à une date ultérieure, a dit Mme Kimmerle. Les travaux initiaux permettront de s'assurer que le processus fonctionne correctement avant que les chercheurs ne reviennent sur les lieux.

L'ADN obtenu sur le site sera transporté au Center for Human Identification de l'Université du nord du Texas pour y être analysée. Les responsables espèrent que cet ADN permettra d'être associé à des proches. Dix familles ont contacté les chercheurs dans l'espoir d'identifier des proches qui pourraient être enterrés à Dozier.