Le président des États-Unis Barack Obama a tempéré devant la presse ses propos sur «l'anti-américanisme» de la Russie mettant en avant la nature «souvent constructive» de ses échanges avec son homologue Vladimir Poutine, excluant tout boycottage des jeux Olympiques de Sotchi en 2014.

«Je n'ai pas de mauvaises relations personnelles avec Poutine», a affirmé Obama aux journalistes lors d'une conférence de presse vendredi soir à la Maison-Blanche. Tout au contraire: «Nos conversations sont franches, directes, et souvent constructives».

«Je sais que la presse aime se focaliser sur le langage corporel, et sur cette allure un peu amorphe qu'il a en apparence, comme celle de l'élève qui s'ennuie au fond de la classe. Mais en vérité, nos entretiens sont souvent très productifs», a déclaré le président.

Moscou et Washington, aux relations encore plus glaciales depuis l'affaire Snowden et l'annulation du sommet entre les deux présidents, sont en désaccord sur bien d'autres sujets comme la Syrie, la non-prolifération nucléaire, le désarmement, l'Afghanistan, l'Iran ou la Corée du Nord, la défense antimissile en Europe ou encore les droits de l'homme.

M. Obama a cependant exclu tout boycottage des jeux Olympiques d'hiver de Sotchi, en Russie, en 2014, pour protester contre la récente loi russe controversée punissant tout acte de «propagande» homosexuelle devant les mineurs d'une peine d'amende et de détention allant jusqu'à 15 jours.

«Je ne pense pas qu'il soit approprié de boycotter les Jeux olympiques», a-t-il déclaré. Rappelant que de nombreux athlètes américains s'entraînaient dur pour les JO, il a jugé qu'une telle  mesure rappellerait le boycottage des États-Unis aux jeux Olympiques d'été de Moscou en 1980 dans le sillage de l'invasion de l'Afghanistan par l'Union soviétique.

Tandis que M. Obama s'adressait à la presse, les secrétaires d'État et à la Défense John Kerry et Chuck Hagel et leurs homologues russes Sergueï Lavrov et Sergueï Choïgou s'employaient à faire bonne figure vendredi lors d'un face à face «2+2».

Les quatre ministres ont fait valoir les intérêts communs des deux pays sur la scène internationale plutôt que la longue liste de leurs contentieux et leurs relations glaciales après l'affaire Snowden et le sommet Obama/Poutine annulé. L'événement était prévu début septembre à Moscou, avant le G20 des 5 et 6 septembre à Saint-Pétersbourg où le président américain devrait toutefois se rendre.

«L'humeur générale était très positive, ce qui inspire l'optimisme», a dit M. Lavrov après la réunion «2+2». «Nous ne devrions pas voir la moindre aggravation», a assuré le Russe, parlant d'une «relation normale» entre les deux puissances.

«Il est clair que l'on ne peut pas s'attendre à une Guerre froide», a-t-il dit à la presse, affirmant que le «dossier Snowden n'affecte pas les grandes lignes de la relation» entre les deux super-puissances.

Son homologue John Kerry a aussi mis en avant une «relation très importante et marquée à la fois par des intérêts partagés et parfois par des intérêts conflictuels».

«Nous savons tous les deux que la diplomatie est comme le hockey sur glace et entraîne parfois des collisions», a déclaré Kerry, réaffirmant sa volonté de travailler avec la Russie sur la Syrie, en particulier pour d'organiser une conférence de paix à Genève.

«Sergueï et moi ne sommes pas toujours entièrement d'accord sur la responsabilité de l'effusion de sang ou sur les moyens de progresser», mais «nous deux et nos deux pays s'accordent à dire que pour éviter l'effondrement institutionnel et la descente dans le chaos, la réponse ultime est une solution politique négociée», a ajouté Kerry.

Lavrov a convenu de la nécessité d'un processus de paix, mais a rappelé que la priorité devrait être de «combattre les terroristes», terme utilisé par Damas et Moscou pour les rebelles syriens.