Le président américain Barack Obama a promis vendredi des réformes dans la surveillance des communications au nom de la «transparence» et de la «confiance», mais a démenti tout abus, après la polémique déclenchée par les révélations d'Edward Snowden.

Consacrant une grande partie d'une conférence de presse aux programmes de l'agence de sécurité nationale (NSA) mis en lumière par les révélations de M. Snowden, un ancien consultant actuellement réfugié en Russie, M. Obama a dit sa volonté de «travailler avec le Congrès pour mettre en place des réformes appropriées» de la disposition du Patriot Act qui chapeaute ces opérations.

Le Patriot Act est un ensemble de lois sécuritaires adoptées peu après les attentats du 11-Septembre. L'un de ses articles a été utilisé par l'administration pour justifier la collecte des métadonnées téléphoniques (durée des appels, numéros appelés) par la NSA, puissante agence de renseignement chargée des interceptions électroniques.

Promettant une «nouvelle ère» dans le renseignement avec «davantage de supervision, davantage de transparence et de garde-fous», M. Obama a dit comprendre «les inquiétudes de ceux qui craignent qu'il puisse y avoir des abus», mais il a assuré que les États-Unis ne souhaitaient pas espionner «les citoyens ordinaires».

Le programme de collecte des métadonnées téléphoniques, dénoncé par M. Snowden début juin, est «un outil important dans nos efforts pour prévenir les complots terroristes», a toutefois rappelé M. Obama.

Parmi les mesures envisagées, le président américain a évoqué le renforcement de la supervision par la Cour de surveillance du renseignement étranger (la FISC), un tribunal secret de 11 juges qui autorise la NSA à réclamer auprès des opérateurs téléphoniques et internet les données de leurs clients.

Jusqu'à maintenant les juges tranchaient sur des requêtes du gouvernement sans contradiction. Le président a dit qu'il envisageait d'instaurer une «voix indépendante» dans le dialogue avec la cour pour assurer l'équilibre entre sécurité et vie privée.

Autre mesure, la divulgation «d'autant d'informations que possible sur ces programmes» de surveillance, a énuméré M. Obama.

«Nous avons déjà déclassifié un nombre d'informations à propos de la NSA sans précédent. Mais nous pouvons aller plus loin», a-t-il expliqué, évoquant notamment la base légale du programme de collecte des métadonnées. Le département de la Justice a d'ailleurs publié dans la foulée un tel document.

Rassurer les alliés

Enfin, la NSA nommera un responsable chargé de la vie privée et des libertés publiques tandis qu'un site internet qui «servira de plate-forme à davantage de transparence» sur «ce que font et ne font pas» les agences de renseignement, a annoncé le président.

«Quant aux autres dans le monde, je veux encore une fois rappeler que l'Amérique n'est pas intéressée par l'espionnage des gens ordinaires. Nos services de renseignement se concentrent sur la recherche d'informations nécessaires pour protéger notre peuple et, dans de nombreux cas, protéger nos alliés», a-t-il plaidé.

«Toutes ces mesures sont destinées à faire en sorte que les Américains puissent avoir confiance dans le fait que nous respectons nos intérêts et nos valeurs» tout en menant des opérations de renseignement, a encore dit le président.

Les adversaires républicains de M. Obama au Congrès l'ont en retour appelé à ne pas perdre de vue la mission première du renseignement. «La transparence est importante, mais la Maison-Blanche doit dire que la réforme ne compromettra pas l'intégrité» des programmes de surveillance, a expliqué Brendan Buck, porte-parole du président de la Chambre des représentants John Boehner.

La révélation du programme de surveillance d'internet, baptisé PRISM, a ulcéré de nombreux pays alliés des États-Unis, notamment l'Allemagne.

M. Obama, qui s'est entretenu jeudi avec des dirigeants d'entreprises de télécommunications et d'internet à la Maison-Blanche, a également décidé de créer un groupe d'experts pour passer en revue les opérations de surveillance de son pays. Il leur commandera un rapport d'ici à la fin de l'année, selon un haut responsable de la Maison-Blanche.

Ce dernier a reconnu que «la publication non autorisée» d'informations par M. Snowden avait «rendu ces thèmes plus visibles», mais assuré qu'il s'agissait d'une préoccupation de M. Obama avant le début de cette affaire.

Pris entre les tensions en politique étrangère et les débats polarisés aux États-Unis, le président Barack Obama tenait cette conférence de presse avant de partir en vacances durant une semaine.

Le programme politique du président est paralysé par l'opposition républicaine. Depuis le début de son second mandat, il n'a pas été en mesure d'annoncer des changements législatifs importants.

Une importante loi en matière d'immigration est passée au Sénat, mais son adoption risque d'être difficile à la Chambre des représentants, contrôlée par les républicains. Les élus républicains continuent d'organiser des votes largement symboliques contre la réforme du système de santé du président. À l'automne, des désaccords potentiels se profilent sur les questions budgétaires et sur le plafond d'endettement.

En relâche pour un mois, le Congrès reprendra ses travaux au début du mois de septembre.

Samedi, M. Obama doit se retirer durant une semaine avec sa famille dans l'île de Martha's Vineyard, au Massachussetts, la destination de vacances de la famille présidentielle. Aucun événement public ne figure à l'horaire du président durant ses vacances.

La dernière conférence de presse officielle du président à la Maison-Blanche remonte au mois d'avril, bien que M. Obama réponde occasionnellement aux questions des journalistes lors d'entrevues spéciales.