Alerte d'Interpol, fermeture des ambassades américaines dans les pays musulmans, Paris, Berlin et Londres qui en font de même au Yémen: les pays occidentaux redoutaient samedi des attentats d'Al-Qaïda, redoublant de prudence au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Le Canada a décidé de son côté de fermer préventivement dimanche sa représentation diplomatique à Dacca, au Bangladesh.

Peu après les États-Unis, Interpol a lancé samedi une alerte globale de sécurité invitant à la plus grande vigilance tous les pays membres de l'organisation de coopération policière face à la menace d'Al-Qaïda.

Interpol a décidé de lancer son alerte «après une série d'évasions de prison dans neuf pays membres, parmi lesquels l'Irak, la Libye et le Pakistan», a annoncé dans un communiqué l'organisation internationale basée à Lyon (centre-est de la France).

Interpol rappelle que le mois d'août est une date anniversaire liée à plusieurs «violentes attaques terroristes» en Inde, Russie et Indonésie.

«Cette semaine marque aussi le 15e anniversaire des attentats contre l'ambassade des États-Unis à Naïrobi au Kenya et Dar es Salam en Tanzanie lors desquels 200 personnes, majoritairement africaines, avaient été tuées, et 4000 blessées», a notamment souligné Interpol.

Le 7 août 1998, à Nairobi et à Dar es Salam, deux attentats à 10 minutes d'intervalle avaient frappé les intérêts américains.

Une menace est au moins concrète: dans un enregistrement audio posté sur des forums jihadistes, le chef d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, accuse les États-Unis d'avoir «comploté» avec l'armée égyptienne et la minorité chrétienne copte pour faire destituer le président islamiste égyptien Mohamed Morsi il y a un mois.

Les menaces d'attentats d'Al-Qaïda visent l'ensemble des intérêts occidentaux, a prévenu un haut responsable américain. Elles sont «plus spécifiques» que ce qu'il avait pu y avoir jusqu'à présent, a déclaré à la chaîne de télévision ABC le chef d'état-major américain, le général Martin Dempsey.

La cible exacte n'est pas connue, mais «l'intention est claire. L'idée est d'attaquer les intérêts occidentaux, pas seulement américains», a-t-il déclaré dans cette interview à l'émission This Week.

Trois des principaux pays de l'Union européenne, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France, ont annoncé à quelques heures d'intervalle la fermeture dimanche et lundi de leur ambassade à Sanaa au Yémen, pays considéré comme l'un des bastions d'Al-Qaïda.

La fermeture de l'ambassade de France pourrait durer «plusieurs jours» a précisé le président français François Hollande: «Nous sommes informés directement et indirectement de menaces qui concerneraient nos implantations à l'étranger voire nos ressortissants, menaces venant d'Al-Qaïda».

M. Hollande a appelé les quelque 600 ressortissants français au Yémen «de prendre les plus grandes précautions dans leurs déplacements sur le territoire».

Aux États-Unis précisément, le président Barack Obama a ordonné dès vendredi soir de prendre «toutes les mesures nécessaires pour protéger les Américains», a indiqué dans la soirée un responsable de la Maison-Blanche s'exprimant sous couvert d'anonymat.

Le département d'État a annoncé la fermeture dimanche, jour ouvré dans la plupart des pays musulmans, de ses ambassades dans 22 pays, en réaction aux menaces d'attentats.

Ces représentations diplomatiques sont situées en Israël, dans le monde arabe, ainsi qu'en Afghanistan et au Bangladesh.

Le département d'État avait diffusé plus tôt un avis de prudence à l'attention de tous ses ressortissants dans le monde: des attentats sont possibles «particulièrement au Moyen-Orient et en Afrique du Nord», et Washington a insisté également sur «la péninsule Arabique».

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À la veille de la fermeture temporaire des ambassades américaines dans le monde arabe, en Israël ainsi qu'en Afghanistan et au Bangladesh, une réunion au sommet consacrée aux menaces terroristes d'Al-Qaïda s'est tenue samedi à la Maison-Blanche.

Présidée par la conseillère pour la Sécurité nationale Susan Rice, cette réunion s'est déroulée en présence du secrétaire d'État John Kerry, du secrétaire à la Défense Chuck Hagel et de la secrétaire à la Sécurité intérieure Janet Napolitano. Y assistaient également les chefs de la CIA, du FBI et de l'Agence de sécurité nationale (NSA), ainsi que l'ambassadrice des États-Unis aux Nations unies.