Des services religieux, des rassemblements et 67 minutes d'aides diverses à la communauté, comme à celle des aveugles à Washington, ont célébré jeudi les 95 ans de l'ancien président Nelson Mandela aux États-Unis.

«Bon anniversaire, Nelson Mandela, et je vous en souhaite de très nombreux autres», a lancé Libra Robinson, 38 ans, de Washington, lors d'un rassemblement à l'église baptiste Shiloh, au centre de Washington, l'une des manifestations, services religieux ou événements caritatifs prévus ce jour,»Jour Nelson Mandela», partout aux États-Unis.

La manifestation de Washington, à l'initiative de l'ambassade d'Afrique du sud qui en organise dans 18 villes américaines, avait pour but de rassembler une soixantaine de personnes, aveugles ou non, pour qu'elles puissent discuter ensemble et apprendre à exprimer et à connaître les besoins spécifiques des handicapés.

Ces 67 minutes symboliques du «Jour Nelson Mandela» décrété par l'ONU en 2010, représentent les 67 ans de lutte de Nelson Mandela pour les droits civiques des Noirs célébrés dans le monde entier par du temps donné au service de la communauté.

«Ce que voulait Mandela, c'était l'égalité et la justice, c'est donc le jour parfait pour donner son temps au service des autres», a indiqué à l'AFP Johnny Moloto, responsable de l'ambassade d'Afrique du Sud qui organisait l'événement.

«Je suis heureuse parce qu'aujourd'hui, grâce à la force qu'il a en lui et qui lui permet d'être toujours parmi nous, ce ne sont pas des funérailles, mais au contraire nous pouvons fêter son 95e anniversaire», a affirmé Michelle Clark, l'une des nombreuses personnes issues de la communauté noire qui participaient à la réunion.

«Que Nelson Mandela vive des centaines d'années ou disparaisse demain, il sera toujours vivant dans l'esprit des gens», a conclu Mme Robinson.

Bill Clinton: Mandela a su combattre ses «démons»

Nelson Mandela a éprouvé de la haine pour les autorités de l'apartheid qui l'ont maintenu en prison durant 27 années, mais il a réussi à surmonter ses «démons», preuve de sa grandeur, a souligné l'ex-président américain Bill Clinton jeudi à l'ONU.

Lors d'une cérémonie spéciale au siège des Nations unies à New York, M. Clinton a rendu hommage à l'ancien dirigeant sud-africain, qui fêtait le jour-même ses 95 ans sur son lit d'hôpital.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et Andrew Mlangeni, qui était prisonnier aux côtés de Mandela, ont également salué l'homme fort de la lutte anti-apartheid.

Bill Clinton a indiqué que Mandela était sorti de prison «meilleur que lorsqu'il y est entré», même si le quotidien dans sa cellule a laissé des marques profondes sur cette figure légendaire.

«Chaque jour était une lutte, j'ai pu le lire dans ses yeux même après qu'il fut devenu président», a déclaré M. Clinton devant l'Assemblée générale de l'ONU. «Il a pu arriver que de vieux démons resurgissent en lui (...) mais il les a combattus chaque jour».

L'ancien président américain a souligné que Mandela avait été un «politicien futé» en choisissant d'inviter les personnes l'ayant emprisonné à la cérémonie de son investiture en 1994, et en acceptant des partis issus de l'opposition blanche dans son gouvernement.

«Dites-moi la vérité», a raconté avoir demandé Bill Clinton à Nelson Mandela, «est-ce que vous les haïssiez alors?».

«Il a répondu brièvement: +Oui. Je suis suffisamment vieux pour dire la vérité+. Il a ajouté: +J'ai ressenti de la haine et de la peur mais je me suis dit que si je continuais à les haïr (...) je resterais à jamais leur prisonnier. Comme je voulais être libre, j'ai tourné la page».

Selon M. Clinton, l'ancien président sud-africain lui a également confié: «(En prison) j'ai perdu ma famille, la chance de voir mes enfants grandir, les meilleures années de ma vie. On peut tout enlever à un homme, mais on ne peut pas lui arracher son esprit ni son coeur. J'ai choisi de ne pas renoncer à ces choses (...) vous ne devriez pas non plus».

Pour Bill Clinton, «il s'agit d'une leçon que chaque être humain sur cette planète ferait mieux de suivre tôt ou tard».

Ban Ki-moon a de son côté salué en Mandela «une immense figure de la lutte pour l'égalité et la justice».