Hillary Clinton sera-t-elle le bulldozer de la présidentielle américaine de 2016? Trois ans avant, un comité de soutien non officiel affirme avoir déjà reçu des offres de dons de plus d'un million de dollars.

«On a refusé des chèques à sept chiffres», assure à l'AFP Adam Parkhomenko, directeur de Ready For Hillary («Prêts pour Hillary»), un groupe lancé de son propre chef dans une sorte de pré-campagne électorale, alors qu'Hillary Clinton n'a jamais annoncé qu'elle serait candidate à la Maison-Blanche.

Peu importe, l'organisation loue déjà des bureaux, à Alexandria dans la banlieue de Washington. Des bénévoles y remplissent des enveloppes d'autocollants, entourés de cartons de casquettes et T-shirts à l'effigie d'«Hillary».

Ready For Hillary peut légalement lever des fonds illimités, mais a décidé de s'imposer un plafond de 25 000 dollars par personne, au nom de la moralisation du financement électoral.

Après avoir perdu d'un cheveu les primaires démocrates de 2008 face à Barack Obama, Hillary Clinton avait été nommée chef de la diplomatie américaine, un poste qu'elle a occupé jusqu'en février. Après une courte période de repos, elle a doucement repris le chemin des podiums, intervenant notamment dans des forums sur les femmes et l'enfance.

«Nous voulons qu'Hillary soit candidate, c'est l'objectif immédiat», affirme le directeur de la communication, Seth Bringman. «On pose les fondations».

Le groupe est dirigé par des vétérans démocrates, mais légalement, ceux-ci n'ont pas le droit de se coordonner avec l'entourage direct de la candidate potentielle.

«Ils sont une entité indépendante et agissent avec leur propre passion», a commenté Nick Merrill, le porte-parole d'Hillary Clinton. «Cette énergie et cet enthousiasme pour la convaincre de se lancer sont impressionnants, mais au final, elle est la seule à pouvoir prendre cette décision très personnelle».

Ses moindres paroles sont donc disséquées à la recherche d'indices.

En juin, l'ex-secrétaire d'État a activé son compte Twitter. Sa courte biographie s'y termine par un éloquent «TBD»: les initiales anglaises pour l'expression «à déterminer».

Trop populaire, trop tôt?

«Ce n'est pas la peine d'être un inconditionnel d'Hillary pour dire qu'elle est clairement en tête», estime Tobe Berkovitz, professeur de communication à l'Université de Boston.

Les sondages qui comparent déjà les éventuels prétendants à la Maison-Blanche la placent systématiquement à la première place.

Si les élections avaient lieu en 2014 au lieu de 2016, «aucun démocrate n'aurait les "couilles" de se présenter contre elle», estime Tobe Berkovitz.

Mais quarante mois, c'est une éternité en politique, comme le sait trop bien le sénateur John McCain.

«Trois ans avant l'élection de 2008, personne n'avait entendu parler d'un jeune sénateur du nom de Barack Obama, il peut donc se passer encore beaucoup de choses d'ici là», confie à l'AFP le candidat républicain à la présidentielle de 2008. «Elle a beaucoup appris de (2008). Elle est aujourd'hui en tête, mais on est encore très loin».

Mais «il n'y a aucun doute qu'avoir été secrétaire d'État renforce ses chances de devenir présidente», estime ce vétéran de la politique.

L'argument de son expérience de femme d'État pourrait aussi se retourner contre elle, puisqu'en 2016, à 69 ans, ses possibles adversaires républicains pourraient être plus jeunes qu'elle de plusieurs décennies.

Les anti-Hillary fourbissent déjà leurs armes. «The Hillary Project» a lancé son site vendredi avec un but clair: «faire la guerre à l'image d'Hillary Clinton».

Hillary Clinton serait-elle trop populaire, trop tôt? Non, répond sans surprise le directeur de Ready For Hillary.

«Nous multiplions les dépenses tous les jours pour être sûrs que, dans deux ans, on ne regrettera rien, et qu'on ne se demandera pas ce qu'on aurait pu faire de plus pour construire la structure dont elle avait besoin», dit Adam Parkhomenko.