Les autorités américaines, sous le feu des critiques pour avoir espionné des journalistes dans le cadre d'enquêtes sur des affaires de terrorisme, ont présenté vendredi de nouvelles règles destinées à améliorer la protection des organes de presse.

Le Département de la Justice (DoJ) a indiqué qu'il allait notamment «durcir les critères» pour permettre de saisir les enregistrements des organes de presse, et qu'il allait créer un Comité de vérification des médias, pour informer le DoJ.

Ce dernier a saisi en 2012, sans prévenir l'agence Associated Press, les relevés téléphoniques d'une centaine de ses journalistes, couvrant une période de deux mois, suscitant l'émotion des défenseurs de la liberté de la presse.

Il cherchait, selon AP, à enquêter sur une fuite à l'origine d'un article sur une «opération de la CIA au Yémen ayant empêché au printemps 2012 un complot d'Al-Qaïda».

«Le Département de la Justice est déterminé à assurer la sécurité de notre Nation et à protéger les citoyens américains, tout en assurant dans le même temps la liberté de la presse», a déclaré le ministre de la Justice Eric Holder.

«Ces règles révisées vont permettre d'assurer un bon équilibre dans les enquêtes sur des fuites non autorisées», a-t-il ajouté.

Cette réforme «fera une grande différence» a encore assuré M. Holder, qui a appelé à créer un «bouclier législatif pour les médias», afin que la loi protège les journalistes faisant leur travail.

La réforme prévoit que les organes de presse seront prévenus à l'avance de toute demande d'enregistrement, «dans tous les cas, à l'exception des plus exceptionnels», c'est à dire dans les cas où la notification «poserait une menace claire et substantielle» à une enquête en cours, à la sécurité nationale, ou mènerait à «un risque imminent de mort ou de blessure grave».

Associated Press s'était plainte au mois de mai que des relevés de 20 de ses lignes téléphoniques, à Washington et New York, utilisées par une centaine de journalistes sur une période de deux mois, avaient été saisis à la demande du parquet fédéral, suscitant l'émoi des défenseurs de la liberté de la presse.

L'administration Obama avait justifié cette saisie par un cas de force majeure dans une affaire qui «mettait les Américains en danger».

Plus d'une cinquantaine de groupes de médias américains ont protesté contre cette saisie jugée «excessive» et sans précédent.

Depuis, une nouvelle affaire de surveillance présumée d'un journaliste, un membre de la rédaction de la chaîne télévisée Fox News, a été révélée.