La plupart des prisonniers faisant la grève de la faim à la prison de Guantanamo Bay ont recommencé à manger, a annoncé vendredi l'armée américaine, laissant présager la possible fin, ou du moins une pause des actions de protestation qui ont de nouveau attiré attention sur la détention à durée indéterminée des prisonniers à Cuba.

Le nombre total de prisonniers en grève de la faim était toujours à 102, selon l'armée, mais 99 d'entre eux ont mangé un repas au cours des 24 dernières heures, selon le lieutenant-colonel Sam House, un porte-parole de la prison.

Ces individus sont toujours considérés comme des grévistes de la faim, puisque l'armée exige plusieurs journées de nutrition continue et un apport calorique minimal avant qu'un prisonnier ne soit retiré de la liste. Depuis, certains hommes recevaient des repas de façon contrôlée, puisqu'ils avaient été nourris sous forme liquide et ne pouvaient recommencer à se nourrir normalement, a précisé M. House.

Aux dires de l'armée, 45 prisonniers peuvent encore être nourris de force par un tube naso-gastrique. Une juge fédérale américaine a qualifié lundi la procédure de «douloureuse, humiliante et dégradante», dans un jugement lors duquel elle a dit ne pas avoir le pouvoir d'en ordonner l'arrêt.

Il n'est pas clair si les prisonniers envisageaient de cesser une manifestation qui trouble Guantanamo depuis plus de quatre mois, et qui a poussé le président Barack Obama à renouveler son engagement à transférer les prisonniers ailleurs, avant de fermer le centre de détention.

Selon le capitaine de marine Robert Durand, le camp est inhabituellement calme, largement épargné par les conflits entre gardes et détenus.

Un autre facteur d'explication pourrait être le fait que des responsables ont récemment permis à des dizaines d'hommes de recommencer à vivre en groupe en vertu de nouvelles restrictions, dont une interdiction de déclencher une grève de la faim.

La plupart des détenus avaient été placés en cellules individuelles lors de violents heurts, en avril, après que des prisonniers eurent recouvert les caméras de sécurité qui les surveillaient.

Des avocats pour les prisonniers accusent depuis le début l'armée de sous-évaluer le nombre de grévistes de la faim, et demeurent sceptiques au sujet des dernières informations.

«Ils ont tenté de diminuer l'importance de cela depuis le début», a dit Carlos Warner, un avocat qui représente 11 prisonniers.

«Tout ce que j'entends de mes clients, c'est qu'ils vont continuer, et qu'ils n'arrêteront pas», a ajouté David Remes, qui représente cinq prisonniers ayant été alimentés de force.

«Avoir l'attention du président n'est pas suffisant. Il faut le pousser à commencer à renvoyer des prisonniers chez eux.»