Le président américain Barack Obama, en visite en Afrique du Sud, a salué samedi l'exceptionnel «courage moral» de Nelson Mandela, exemple pour le monde, exprimant son soutien à la famille du père de la nation arc-en-ciel, hospitalisé dans un état critique.

Barack Obama a de nouveau rendu un hommage appuyé au héros de la lutte antiapartheid, dont «le courage moral a été une source d'inspiration personnelle (...) et pour le monde».

À l'issue d'une rencontre avec son homologue sud-africain Jacob Zuma, il a aussi salué la «force de ses principes» de Nelson Mandela, au chevet duquel il a finalement renoncé à se rendre pour préserver sa «paix».

Il a rendu visite à deux des trois filles du grand homme et à huit de ses dix-sept petits enfants, lors d'un bref arrêt à la Fondation Mandela, à Johannesburg, où il a consulté des archives de l'icône mondiale.

M. Obama s'est également entretenu par téléphone avec Graça Machel, l'épouse de l'ancien président sud-africain, qui passe de longues heures à son chevet à l'hôpital de Pretoria où il est soigné depuis trois semaines pour une grave infection pulmonaire.

«J'ai exprimé mon espoir que Madiba puise paix et réconfort dans la présence de ses proches, j'ai aussi exprimé mon soutien de tout coeur à toute la famille», a dit le président américain, qui a partagé la ligne téléphonique avec son épouse Michelle.

Mme Machel, qui a transmis le message à son mari, a remercié le couple pour cette «touche de chaleur personnelle caractéristique de la famille Obama».

Le président américain s'est ensuite rendu dans la célèbre township de Soweto, un haut lieu de la lutte antiapartheid au sud-ouest de Johannesburg, pour s'adresser à de jeunes Africains prometteurs.

Là encore, il a évoqué son «héros», appelant la jeunesse à s'en inspirer pour surmonter les moments difficiles. «L'avenir de ce continent est entre vos mains», leur a-t-il lancé sous des applaudissements nourris.

À l'extérieur du campus universitaire où se déroulait l'échange, l'ambiance était plus tendue: des centaines de manifestants hostiles à la politique étrangère des États-Unis ont été dispersés par des grenades incapacitantes et des balles en caoutchouc.

Les manifestants, qui avaient dépassé l'horaire autorisé pour le rassemblement «avaient refusé de se disperser», a justifié la porte-parole de la police nationale Sally de Beer.

«Nos coeurs sont avec toi»

Attentif à chaque indication sur la santé de Mandela depuis son hospitalisation le 8 juin pour une pneumonie, l'Afrique du Sud s'était préparée au pire jeudi, après l'annulation d'un voyage de Jacob Zuma au Mozambique.

Mais sa santé semble s'être légèrement améliorée depuis. Son état reste «critique, mais stable», a assuré samedi le président Zuma, qui est allé jusqu'à espérer le voir sortir «très bientôt de l'hôpital».

«On est ravi des progrès qu'il réalise», a ajouté le président de l'Assemblée nationale Max Sisulu --fils de Walter Sisulu, l'un des meilleurs amis et compagnons de lutte de Mandela-- après lui avoir rendu visite à la Mediclinic Heart Hospital de Pretoria.

À l'extérieur du bâtiment, les témoignages d'affection envers «Tata Madiba», comme le surnomment affectueusement ses concitoyens, continuaient d'affluer. En chantant, une douzaine de personnes ont ainsi brandi des pancartes barrées de la mention «Nos coeurs sont avec toi» et «Que Dieu te bénisse Tata».

Parmi eux, Tokozile Sibalo, une Sud-Africaine de 50 ans, soulignait les points communs entre les deux hommes du jour: «Mandela a été le premier président noir d'Afrique du Sud et Obama le premier président noir des États-Unis». Ils ont également tous les deux obtenu le Nobel de la paix.

Barack Obama n'a rencontré qu'une fois le père de la démocratie multiraciale sud-africaine, en 2005, alors qu'il était jeune sénateur. Ils ne se sont pas revus depuis son élection, mais se sont parlés à plusieurs reprises au téléphone.

L'état de santé de Nelson Mandela jeté une ombre sur la première grande tournée africaine du président américain, qui après le Sénégal et l'Afrique du Sud doit aller en Tanzanie.

Barack Obama, dont le père était kényan, ne s'est rendu qu'une seule fois en Afrique noire depuis son élection, lors d'une courte halte au Ghana. Face à la percée de la Chine et d'autres puissances émergentes, il a été pressé par des responsables économiques d'accorder une plus grande attention au continent.

Dimanche, le président américain se rendra au Cap (sud-ouest), avec une visite sur l'île-bagne de Robben Island, où Nelson Mandela a passé dix-huit de ses vingt-sept années de détention.

Barack Obama sera ensuite guidé par l'ancien archevêque anglican du Cap Desmond Tutu. Il prononcera enfin le principal discours de sa tournée africaine depuis l'Université du Cap (UCT).

Le dernier président blanc d'Afrique du Sud, Frederik de Klerk, a annoncé qu'il écourtait des vacances en Europe en raison de l'état de santé de Nelson Mandela.

M. de Klerk, dernier président de l'apartheid (1989-1994), négocia la fin du régime et l'organisation d'élections multiraciales avec Mandela. Il fut ensuite vice-président de Nelson Mandela dans le premier gouvernement de l'Afrique du Sud postapartheid.(1994-97).